Elizabeth Olsen, Jeremy Renner, Kelsey Asbile, Jon Bernthal
Troisième et dernier volet d’une trilogie sur la frontière moderne, « Wind River » marque les débuts de Taylor Sheridan en tant que réalisateur. Scénariste pour les deux premiers volets, il avait exploré la violence le long de la frontière mexicaine avec les Etats-Unis dans « Sicario »(*), ensuite, la coexistence d’une richesse non moins énorme que la pauvreté au Texas dans « Hell or High Water ».(**)
Wind River est une Réserve indienne dans les étendues sauvages et enneigées du Wyoming. Le film relate l’histoire de Cory, un chasseur de prédateurs hors pair, qui va s’allier à une jeune recrue du FBI, Jane, afin d’attraper l’assassin d’une jeune femme amérindienne. Ce drame renvoie Cory à sa propre histoire terrible : la tragédie n’arrête pas de se perpétrer.
Taylor Sherdian nous offre à voir un lieu où les choses dégénèrent, où la drogue, le meurtre, les beuveries et le viol, sont monnaie courante. Il pointe du doigt l’échec américain des Réserves d’indiens où des gens ont été forcés de vivre et de travailler dans des conditions brutales. Les conséquences sont dévastatrices tant pour la partie blanche que pour la partie amérindienne de la population locale. Plus loin, le réalisateur dénonce le fait que le FBI ne tient pas de statistiques sur les disparitions de personnes d’origine amérindienne.
Le film commence tel un thriller et glisse vers un western en motoneige. Visuellement, il y a de très beaux plans où la nature sublime et terrible est magnifiée par la caméra. On voit le chasseur de prédateurs qui se camoufle en blanc sur blanc, un loup, un nid de pumas. Le tout est enveloppé dans une inquiétante bande son signée Nick Cave et Warren Ellis.
Mais voilà, il y a un réel problème avec les deux personnages principaux, qui sont traités comme deux super héros, blancs, sensibles, intelligents et bourrés de bonnes intentions. Le ton moralisateur et hyper énervant de Cory lorsqu’il parle à son ami l’indien, qui lui, par contre, avec sa philosophie à deux balles, semble un peu débile, décrédibilisent justement cette amitié et mixité dans la population qui souffre des mêmes plaies. Dommage.
Luz
(*) « Sicario » de Denis Villeneuve
(**) « Hell or High Water » de David Mackenzie