Michael Moore, Krista Kiuru, Tim Walker
Le subversif Michael Moore, fidèle à la réputation des américains de planter leur drapeau partout où ils passent, décide d’envahir l’Europe et d’enrichir les États-Unis de ce qui se fait de mieux sur le Vieux Continent. Tel un pèlerin bourlingueur, rêveur et incrédule, le réalisateur américain sillonne donc les moindres recoins de cette terre promise, son voyage l’emmenant même jusqu’aux portes de la Tunisie (pays qui a autorisé légalement l’avortement bien plus tôt que la France ou la Belgique).
C’est avec des étoiles dans les yeux que le cinéaste dresse le portrait de ce que devrait être le pays idéal. Une nation modèle, qui devrait être soucieuse du bien-être et de la bonne santé de ses travailleurs (l’Italie et l’Allemagne), offrir à ses écoliers et à ses étudiants un système éducatif humaniste, efficace et gratuit (la Finlande et la Bosnie), avoir une approche moins répressive de l’emprisonnement dans une perspective de réinsertion sociale des criminels (la Norvège), être capable d’offrir à ses enfants une alimentation quotidienne digne d’un étoilé Michelin (la France), faire davantage confiance à la gestion financière des femmes (L’Islande) ou encore monter sa capacité à affronter son passé frontalement en ne redoutant pas d’admettre publiquement les erreurs funestes de son Histoire (l’Allemagne)…
Le ton de ce documentaire est très humoristique, et c’est probablement ce qui le rend tellement plaisant nonobstant les sténotypes et les clichés qu’il véhicule inévitablement. Présenté en avant-première européenne dans le cadre de la Berlinale 2016, il n’a d’ailleurs pas manqué de susciter l’enthousiasme du public présent, et l’on gardera en mémoire ce grand moment d’émotion, cet instant de suspension, où une salle comble qui, après une explosion de rire, a littéralement retenu son souffle à l’évocation du congrès nazi de 1935 à Nuremberg
Visiblement plus destiné à un public américain par son côté didactique et dénonciateur, Where to Invade Next ne manque pas non plus d’intérêt pour les citoyens européens. Michael Moore ne se prive assurément pas d’égratigner les Etats-Unis mais sa conclusion finale invite néanmoins à une certaine réserve.
Christie Huysmans