Policier
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VOUS ETES DE LA POLICE ?

Romuald Beugnon (France/Belgique 2007)

Micheline Presle, Jean-Pierre Cassel, Jean-Claude Brialy

92 min.
11 juin 2008
VOUS ETES DE LA POLICE ?

Le cinéma, comme l’inconscient de Freud, ne connaît pas les repères du temps. Et c’est très bien ainsi parce que ce grand brassage temporel permet à des tranches d’âges et d’expériences contrastées de se rencontrer et d’œuvrer ensemble.

Ainsi « Vous êtes …. » est le premier film d’une jeune réalisateur (*) qui a choisi d’arc-bouter son histoire sur des vétérans du 7ème art.

Un pensionnaire de maison de retraite meurt assassiné dans d’obscures circonstances. Simon, un nouveau résident décide de mener l’enquête.

S’il est vrai que l’intrigue est transparente, la mise en scène sans surprise, le film a néanmoins pour lui deux atouts.

D’abord il a quelque chose du whodunit agathachristien revu et acidifié par le regard posé par le cinéaste sur le monde des pensions « cheap » pour troisième (et plus) âge.

On n’est évidemment pas dans du Chabrol mais il y a une sorte de réjouissant refus de la norme dans l’envie de Philippe Nahon (un rocker cleptomane) et Jean-Pierre Cassel de ne pas jouer les vieux croûtons. De ne pas se couler dans les attitudes prototypées des « has been ».

C’est de son fauteuil roulant que Simon réendossera ses habitudes de policier (**) qu’il a été et c’est par son refus de renoncer à ses tenues de vamp que Micheline Presle résistera à l’ambiance « javel-purée-jambon-mogadon » du mouroir qui l’héberge.

Le second atout de « Vous êtes … » c’est qu’il a offert à Jean-Claude Brialy et Jean-Pierre Cassel leurs derniers rôles. Si ceux-ci sont bien en deçà de leurs capacités, ils ont néanmoins quelque chose de touchant par les stigmates de la maladie et de la fatigue qui se lisent sur leurs visages et corps.

Il y a du courage chez ces deux-là. Le courage tranquille de ceux qui ont assumé leur âge, la dégradation qui l’accompagne et l’avenir, qu’ils savaient court, qui se profilait devant eux.

Sans jamais le dire, ils nous proposent un beau message : tant que la mort n’est qu’annoncée mais sans encore frapper à la porte, n’oubliez pas que vous êtes en vie.

Travaillez, jouez. Faites des cellules grises qui vous restent quelque chose.

Pourquoi ce film qui manque de coffre mais pas de saveur n’est-il distribué que dans trois salles ? A Namur, Liège et Charleroi.

Et Bruxelles ? (m.c.a)

(*) Qui magicien, comme cinq autres générations avant lui, voit dans le cinéma avant tout une source de merveilleux
(**) Selon l’adage « Policier un jour, policier toujours » défendu par André Dussolier dans « Cortex » de Nicolas Boukhrief