...notamment les personnages de la réalité politique (Berlusconi & Cie)
Est-il imaginable que « Viva Zapatero », grâce au bouche à oreille, connaisse de ce côté des Alpes le même retentissement qu’en Italie (plus de 300.000 entrées à ce jour) ?
En tout cas il le mériterait parce que la question posée par ce film est universelle, même si son traitement s’inscrit dans le cadre d’allusions qui font sens surtout pour les Italiens : un régime dans lequel le pouvoir a la main mise sur les medias peut-il encore revendiquer la qualité de démocratie ?
Guzzanti, sorte de Karl Zéro au féminin, a vu son émission satirique supprimée des programmes de la RAI, après sa première et unique diffusion, sous prétexte de « vulgarité et d’insultes au gouvernement ».
« Viva Zapatero » sera la réponse de la réalisatrice au refus qu’elle se voit signifier lorsqu’elle revendique la réinsertion de son émission sur la toile télévisée.
Dans ce documentaire, autant narcissiquement salvateur que politiquement dénonciateur, Guzzanti recense les dommages collatéraux de l’ère berlusconienne : mort du pluralisme, mensonges des politiciens de droite, lâchetés de l’opposition, dérapages et impunité des dirigeants.
Elle s’inscrit dans une lignée de cinéastes frondeurs n’hésitant pas à dénoncer avec force les atteintes à toute forme de liberté d’expression (Nanni Moretti in « Aprile », Francesca Comencini dans « Carlo Giuliani, ragazzo » ).
Elle n’a pas froid aux yeux la Guzzanti, mais cette effervescence critique ne tourne-t-elle pas en rond dans la mesure où elle devient elle-même un divertissement, un show projetant plus le faisceau de l’intérêt sur l’artiste que sur les failles d’un système au « fascisme rampant » ?
De toute façon elle a bien fait d’essayer de détourner le spectateur du petit écran. Au moins pendant qu’il n’est pas devant celui-ci, il échappe à l’empire (ou emprise ?) berlusconien qui a atteint, depuis l’entrée en campagne du « cavaliere » pour tenter de décrocher un nouveau mandat de Premier Ministre, des records qui laisse pantois : 3h 10 de présence contre 8 minutes à son adversaire Romano Prodi. ..
Au fait la question que vous vous posez peut-être : pourquoi cet hommage implicite à Monsieur Zapatero, Premier Ministre espagnol ? C’est parce qu’il libéralisa la télévision publique de son pays.
(m.c.a)