Sara Forestier, Roschdy Zem, Samuel Le Bihan
Un polar plus proche de l’esprit de Melville que de Verneuil.
Tantôt lent, tantôt agité, presque métaphysique, proche du documentaire dans lequel Roschdy Zem vaut 1000 Joey Starr !
Très peu de scénario, un minimum de rebondissements malgré un final inattendu, une belle lumière - celle des bars de Paris la nuit - , une construction qui privilégie le cercle de la répétition à la ligne droite, quelques clichés sur la récolte d’informations, la corruption et la collusion entre l’Ordre et l’Interlope.
Bref que du connu mais déplié avec un souci non pas de soutenir une tension mais de créer une ambiance.
L’ambiance glauque du travail d’un officier de police à la Brigade Mondaine.
Connecté par sa densité concentrée au « Petit lieurtenant » de Xavier Beauvois, éloigné du trépidant et éclaté « Polisse » de Maïwen, « Une nuit » est la chronique d’une ronde aux couleurs rembrandtiennes qui acquiert, par son respect d’une stricte temporalité et sa réalisation sobre, une dimension supérieure à celle du film policier lambda.
Il réserve aussi quelques heureuses surprises - une Sara Forestier épatante, un sens aigu de la réalité (*) et une façon de donner à la fatigue qui marque les visages et les corps une âpreté douloureusement physique.
Il y a une tentation dans « Une nuit », celle de la dérive vers l’illégalité mais il y a aussi un garde-fou.
Un code d’honneur qui fait office de code pénal. (mca)
(*) dû au fait sans doute que l’un des scénaristes, Philippe Isard, a travaillé 17 ans à la Mondaine.