Adaptation d’un livre
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UNDER THE HAWTHORN TREE

Zhang Yimou

Dongyu Zhou, Shawn Dou, Taisheng Chen, Rina Sa

114 min.
4 avril 2012
UNDER THE HAWTHORN TREE

« I can’t wait 13 months for you ; I can’t wait till I’m 25 ; but I can wait for you my entire life. »

« Under the Hawthorn Tree », le dernier film de Zhang Yimou, nous transporte dans la Chine des années 70, celle de la Grande Révolution culturelle. Laissant en arrière-plan la doctrine aliénante de Mao, qui régit et contrôle les moindres faits et gestes du peuple, Zhang Yimou nous invite ici à vivre une histoire d’amour pur et sincère entre deux jeunes êtres rayonnants mais condamnés.

Tirée de faits réels, l’histoire avait ému les chinois sur le net, puis donné naissance à un roman de l’écrivaine de best-sellers Ai Mi en 2007. Le réalisme soigné et la beauté de la lumière naturelle avec laquelle Zhang Yimou met en scène cette romance déchirante, glorifie la simplicité d’une histoire d’amour qui atteint à l’universel. Le film se déploie en chapitres elliptiques et explicatifs, rappelant le journal intime que le cinéaste a pu consulter. Cette construction nous détache un moment du récit intimiste comme pour nous rappeler sa véracité.

La jeune et innocente Jing ne peut commettre aucun faux-pas depuis que son père, contre-révolutionnaire, est emprisonné. Pour sa « rééducation », elle est envoyée à la montagne où elle rencontre Sun, un séduisant jeune géologue. Aussi spontanément que sincèrement ils s’éprennent l’un de l’autre, mais la situation délicate de Jing et ensuite, la maladie de Sun, anéantissent leurs brefs moments de bonheur.

Accentuant cette fatalité en jouant avec l’image, Zhang Yimou semble décapiter les amants, tels des exécutés, en coupant soigneusement leurs têtes du cadre. Les amants ne sont déjà plus tout à fait là, ensemble, alors que leurs pieds, symboles de l’érotisme, ont toute leur place dans l’image.

L’histoire d’amour qui progresse sur la toile est belle et pure. L’innocence, la pudeur et la délicatesse dans les gestes des jeunes amants paraissent venir d’un autre monde, peut-être bien celui des contes et légendes. Mais elle est dure aussi. L’aubépine des héros est l’arbre sous lequel sont enterrés les martyrs qui ont combattu l’ennemi japonais et la légende dit que leur sang a fait rougir ses fleurs blanches.

Dommage, peut-être, que quelques longueurs et redondances affaiblissent le film, car, à force de répéter les scènes d’adieu entre les amants et malgré la qualité visuelle, l’effet qui en résulte est assez sirupeux et tend à desservir la fin tragique. Néanmoins, je pense qu’il s’agit d’un film réussi, non seulement grâce à son esthétique subtile, mais aussi pour sa vision d’un amour libérateur dans un environnement strict et austère. Une libération éphémère qui vous emportera dans les paysages romantiques de collines brumeuses quelque part en Chine. 

Lucrezia