Un must
3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s)

UN PROPHETE

Jacques Audiard (France - distributeur : ABC Distribution)

155 min.
26 août 2009
UN PROPHETE

Très attendu en cette rentrée "Un prophète ", le nouveau film de Jacques Audiard, Grand Prix du Jury au dernier Festival de Cannes et un nouvel opus pour ce réalisateur rare, trop rare.

 

Cinq films : « Regarde les hommes tombés » avec Jean-Louis Trintignant et Mathieu Kassovitz, "Un héros trop discret" d’après le roman de Jean-François Deniau, « Sur mes lèvres », un polar avec Emmanuelle Devos et Vincent Cassel et encore "De battre mon coeur s’est arrêté".

Cinq films pour ce réalisateur qui n’a plus 20 ans. Toujours soucieux de donner le meilleur, il peaufine ses films, ne laisse rien au hasard. Ses acteurs fétiches comme Mathieu Kassovitz, Romain Duris ou Niels Arestrup pourraient en témoigner !

 

"Un prophète ", comme son titre ne l’indique pas, c’est l’univers carcéral, dur, violent, pervers et corrompu avec ses magouilles en tous genres.

Malik, 19 ans, gueule d’ange, petite frappe au physique loin d’être baraqué, est condamné à 6 ans de prison. Il est tout de suite repéré par une bande de corses. Leur chef, un maffieu qui fait régner sa loi dans la prison, un ogre avide, le met tout de suite au pas. Malik deviendra ses yeux et ses oreilles. Une relation s’établit entre eux, basée non sur l’estime ou la filiation, aucun sentiment d’amitié ni d’affection, mais basée uniquement sur des rapports d’asservissement.

L’élève qui ne sait ni lire, ni écrire apprend vite, très vite et va accéder à une position qu’il n’aurait jamais acquise sans passer au trou.

 

Le paradoxe est là et la boucle est bouclée. Gros plans, clairs obscurs, pertinence du sujet, casting inattendu mais vrai ; pas comme on en voit trop souvent, avec des psychopathes ou des névrosés de tout poil, mais une réalité confondante avec des corses, des arabes, des geôliers louches... On est loin du romanesque tout en restant dans la pure fiction .

Le film est allégé par quelques scènes plus douces, d’amitié, de tendresse et de soufisme. La fin est ouverte. Bref, la vie comme on peut l’imaginer facilement dans ce monde là .

 

Une découverte, le jeune acteur, Tahar Rahim, le héros du film ; à ses côtés un Niels Arestrup, haineux et imprévisible. Un film sobre, violent, peut-être un peu long mais quelle maîtrise, quel talent ! Je vous le disais un réalisateur rare, trop rare !

Anne Goreux