Anne Brochet, Angela Molina, Jean Senejoux, Martin Jobert
Alourdie de (trop) louables intentions et sans grand intérêt, cette deuxième réalisation d’Isabelle Doval - après « Rire et châtiment » avec son époux José Garcia dans le rôle principal - appartient résolument au genre de films à voir en famille et dont on peut, sans consulter la grande pythie de Delphes, présumer le rapide passage en prime time sur une chaîne de télévision très audimatée.
Maxime et Esteban sont voisins de paliers et amis « à la vie, à la mort » comme on peut l’être à 12 ans.
Le premier apprend que la famille du second s’apprête à déménager en Espagne. Trouvera-t-il un stratagème pour contrecarrer cette décision dont il redoute qu’elle casse leur amitié ? Rassurez-vous, la réponse est oui.
Rien ou presque ne vient étançonner la fragilité du propos : peu d’efficacité dans le développement de l’intrigue - encore que dernier mot soit très ambitieux pour le traitement purement anecdotique d’une idée inspirée, paraît-il, de la vie même du compagnon de la réalisatrice - et une prime assurée à la facilité dans la description des deux univers d’adolescents dont la mère de l’un est veuve et peu présente et celle de l’autre la chaleureuse dispensatrice d’une ambiance « cocoon & kitchen ».
Quant aux jeunes acteurs, la cinéaste semble n’avoir aucun contrôle sur leur jeu. Ils cabotinent à qui mieux mieux et font penser par leurs agaçantes pitreries au duo des post sexagénaires de " The Bucket list" de Rob Reiner : Morgan Freeman et Jack Nicholson.
Donnant ainsi matière à un nouvel adage inspiré de Corneille : la dé-valeur n’attend pas le nombre des années.
Malgré une Anne Brochet dont on n’arrête pas de déplorer la rareté des apparitions à l’écran - plus rien depuis un rôle intéressant de mère apprivoisée dans « Le temps des porte-plumes » de Daniel Duval : c’est une honte de laisser un tel talent dans les tiroirs - et une Angela Molina généreuse, « Un château… » s’enlise inexorablement dans un sable dont le marchand rattrape à toute vitesse le spectateur et le fait sombrer dans un abyssal ennui.
Ennui de défense contre un cinéma qui manque d’épaisseur, de finesse et de perspective.
On pourrait l’appeler un ennui salutaire. Un ennui de survie. (m.c.a)