Romance
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UN AMOUR DE JEUNESSE (*)

Mia Hansen-Love (France 2010)

Lola Créton, Valérie Bonneton, Magne-Hàvard Brekke, Sébastian Urzendowsky

110 min.
5 octobre 2011
UN AMOUR DE JEUNESSE (*)

Jane Mansfield croyait « aux entrées flamboyantes » (*), Lola Créton, la jeune héroïne de « Un amour… » a choisi d’être fantomatique.

Quel dommage !

Que reste-t-il d’un film lorsqu’on en sort « insolationné » d’ennui par une histoire qui manque de profondeur narrative et de point de vue scénique - la caméra semble placée moins pour faire sens que pour céder à une tentation d’esthétisme fédérateur ?

Quelques impressions glanées de ci de là qui ne font que renforcer un in-enthousiasme instinctif : pas de rythme, peu de perspective et de sensibilité surtout à cause d’une interprétation (**) molle dont celle du jeune Sebastian Urzendowsky (autrement convaincant « Ping pong » de Mathias Luthardt) qui fait craindre qu’il ne soit fibromyalgique.

Camille 15 ans aime Sullivan. Il la quitte et la retrouve quelques années tard. Sa nouvelle vie, son nouvel amour la protégeront-elle d’un retour de flamme dont le spectateur saisit bien avant l’intéressée la cruauté et la fugacité - pourquoi, de la part de la réalisatrice, avoir choisi de priver à ce point son interprète d’intuition et de jugeote ?

Coincée entre des dialogues neuneusement susurrés et des envolées trop écrites, entre un discours sur les dangers d’une dépendance amoureuse et les hésitations à vivre une relation sentimentale responsable, l’histoire s’étire (s’étiole ?) sans que les personnages principaux ne prennent ride ou maturité.

Les clichés pullulent - la métaphore de l’architecture comme moyen de se construire, la relation d’une jeune fille avec un homme plus âgé, l’auto destruction couplée au chagrin, la féminité naissante symbolisée par un fleuve à sa source (La Loire en Ardèche), … - et empêchent par leur présence massive de rendre ce qui arrive à Camille émouvant.

Seule une bande son attentive à mouler au plus près les états d’âme apporte à cet « Amour… » la sensation d’un déchirement et d’une blessure que les images échouent à capter.

Habitué de la part de Mia Hansen-Love (« Tout est pardonné », « Le père de mes enfants ») à plus de subtilité, on est désarçonné par ce regard posé sur une jeunesse représentée comme dépressive, inconséquente, aboulique, allant là où le vent la pousse, manquant de respect d’elle-même et de loyauté vis-à-vis des autres.

« Un amour … » présente néanmoins un intérêt, bien étrange et quasi « suicidaire » : par ses refus d’une mise en scène tenue, sa joliesse facile, son nombrilisme il propose la corde qui le pendra en définissant comme suit les productions de l’Hexagone – « Les acteurs sont agaçants, c’est bavard, complaisant et ch… » 

Moins « Education sentimentale » que focus sur une jeunesse contemporaine rétive à tout engagement sur la durée, il y a dans « Un amour… » quelque chose qui rappelle le drame de Musset « Les caprices de Marianne ».

Et la difficulté d’un de ses jeunes personnages, Coelio, à s’adapter au Monde tel qu’il est.

Musset appelait cela le romantisme.

On peut l’appeler aussi le mal du siècle : l’incapacité de poser un choix et de s’y tenir. (mca)

(*) est-il à confondre avec un premier amour ?
(**) « Jane Mansfield 1967 » par Simon Liberati paru aux éditions Grasset
(***) sauvée par deux rôles secondaires : le charismatique Magne-Hàvard Brekke, sorte de frère jumeau apaisé de Klaus Kinski et l’attachante Valérie Bonneton.