A méditer
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TOY STORY 3 (3D)

Lee Unkrich (USA 2010)

Les voix de Tom Hanks, Joan Cusack, Michael Keaton, Whoopi Goldberg ....

86 min.
23 juin 2010
TOY STORY 3 (3D)

Est-il nécessaire d’ajouter une pierre de plus aux quintaux de mots déversés sur, à propos et autour de ce film qu’un œcuménisme générationnel - toutes les tranches d’âge trouvent à y picorer quelque chose - rend irrémissiblement sympathique ?

Non bien sûr.

Ce Toy Story 3 se suffit à lui-même. La preuve en étant, notamment, que ses plus fervents admirateurs sont des enfants en âge préscolaire.

Qui se moquent comme d’une guigne de tous commentaires . Que ceux-ci soient admiratifs de la technique Pixar ou bluffés par l’émotion diffuse qui jaillit de la question que chacun s’est posée lorsque vient le temps de délaisser ses jouets .

De quitter ses objets transitionnels pour franchir la ligne, pour certains aride pont-aux-ânes, entre l’investissement du monde par le jeu imaginaire et la confrontation avec une réalité censée faire de nous des adultes.

Pourquoi dès lors cette recension sur cette fin de trilogie qui, comme celle du « Gofthather », recèle sa part de mélancolie et d’inéluctable tristesse ?

Parce que « Toy …3 » a une portée philosophique voire eschatologique qui, discrètement et sans tyrannie rationnelle, cornaque la réflexion vers les fins ultimes de toute chose.

Il ne s’agit pas seulement d’un simple événement : la fin dernière des objets inanimés (sur le plan physique mais investis d’une puissance affective qui leur confère une « chair chère ») qui ont égayé nos vies d’enfants.

Il s’agit surtout d’une interrogation existentielle sur la fin dernière de ces compagnons que nous avons tant aimés.

Que deviennent-ils ?

Même s’il est excessif (quoique …) de comparer ce questionnement à celui de Rutebeuf :

… Que sont mes amis devenus
Que j’avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois que le vent les a ôtés….

Il n’en demeure pas moins vrai que le déchirement émotionnel existe aussi pour la mise au rencart des joujoux d’antan.

Film au chagrin subtil, « Toy...3 » est aussi un hymne aux différents genres cinématographiques dont chaque figurine est un porte-drapeau.

Buzz ( la science-fiction), Woody (le western), Bo beep (la romance) les Potatoes ( le comique), Rex (l’aventure) ….

 
Ce qui peut amener à se demander ce qu’il advient, au fil du temps, des films qui ont été
affectionnés.

Faut-il les poubelliser lorsqu’avec l’âge leur souvenir s’affadit, devient inutile ou se ringardise ?

Ou faut-il leur donner un espace vital virtuel, au cœur de cette intimité secrète dans laquelle il est apaisant de puiser lorsque l’existence réelle se révèle moins logique et maîtrisable qu’espéré ou imaginé ?

Jacqueline de Romilly a sur ce sujet écrit un petit livre magnifique. Celui « Des savoirs oubliés » (*) qui valorisent les repères qui jonchent le chemin qui mène à l’âge des grands.

Orson Welles n’a pas pensé autrement lorsqu’il a fait de l’énigme de « Rosebud » dans « Citizen Kane » la clé de voûte de l’existence de son héros. (mca)

(*) Editions de Fallois (en livre de poche – 2008)