Ecran Total
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Coup de coeurTOUT EST PARDONNE

Mia Hansen-Love (France 2008 - distributeur : Ecran Total)

Marie-Christine Friedrich, Victoire Rousseau, Constance Rousseau, Paul Blain,

105 min.
23 juillet 2008
TOUT EST PARDONNE

Qu’est-ce que le pardon ? Comment fonctionne ce processus ? Quel est son cheminement, son parcours ? Ces questions restent évidement sans réponse.

Parce qu’il n’y en a pas une seule, mais une infinité. Une multitude de réponses possibles au gré des multiples réactions que l’être humain déploie lorsqu’il est blessé, qu’il souffre et qu’il doit faire face à cette souffrance.

C’est un de ces chemins de pardon que Mia Hansen-Love nous fait découvrir avec son premier long métrage.

Un chemin tout en pudeur, tout en retenue, pour un sujet, qui aussi banalisé qu’il soit, reste terriblement grave, parce ce qu’il touche à l’autodestruction.

Cheminement de Victor, au prise avec des envies de tout envoyer en l’air, des restes de délires adolescents, de fuites de responsabilités qui passent par l’injection de drogues diverses.

Parcours que cet individu, au-delà de ses besoins d’évasions illusoires, ne vit pas seul. Il vit en couple et aime sa compagne et sa fille d’un amour démesuré, pur, intense, mais aussi exigeant.

C’est cet amour qu’il massacre lorsqu’il va trop loin, un soir de crise, et c’est sa femme et sa fille qu’il perd.

C’est cette fille, cette fillette devenue une jeune femme que Victor retrouve onze ans plus tard. Récit de retrouvailles entre un père désormais présent et une fille enfin prête à retrouver celui qui l’a tant aimée.

C’est alors l’histoire de Pamela que l’on découvre, celle de cette jeune fille qui a grandi sans père et qui réapprend peu à peu à accepter cette présence.

Ce qui touche terriblement dans ce film est la manière dont ce récit de pardon est donné à voir. Dans une simplicité pudique et respectueuse. Dans la monstration de moments, d’instants du parcours, offerts sans effet, sans surplus, juste montrés dans leur réalité, dans leur entant-là.

Et c’est une réelle force d’âme qui se dégage de ces images. Des images posées, des cadres presque fixes, qui captent sans chercher à suggérer quoi que ce soit, et qui du coup révèlent, énoncent les sentiments indicibles, les affects enfouis.

Cette force s’ancre d’autre part dans le choix de n’utiliser le montage que de façon presque utilitaire. On rencontre énormément de plans séquences dans « Tout est pardonné ». Ces derniers permettent aux acteurs de déployer à leur rythme, celui des émotions de leur personnage, l’être qu’ils incarnent. 

Tous lumineux, parce que lucides dans leur jeu, les acteurs, Paul Blain en tête, donnent au film sa teinte, sa texture, entre retenue et relâchement, centrée sur la vie, dans ce qu’elle a de cruel comme d’éblouissant. (Justine Gustin)