Elle Fanning, Naomi Watts, Susan Sarandon, Sam Trammell, Maria Dizzia, Tate Donovan
Ray est un jeune homme transgenre qui n’attend qu’une chose, celle de devenir enfin un garçon. Entouré de sa mère, sa grand-mère et la compagne de celle-ci, Ray écoute attentivement les propos du médecin qui lui annonce que pour pouvoir prendre de la testostérone, il doit avoir l’accord de ses deux parents. Seulement Ray n’a plus vu son père depuis très longtemps. Ce dernier ignore d’ailleurs tout de sa transformation et pense qu’il s’appelle toujours Ramona.
Pour interpréter Ray, la réalisatrice Gaby Dellal a choisi Elle Fanning, la petite sœur de Dakota Fanning (« American Pastoral »), que l’on avait vu récemment dans « The Neon Demon » de Nicolas Winding Refn où elle interprétait un jeune mannequin en pleine ascension. C’est donc dans un tout autre registre que l’actrice réapparait complètement métamorphosée. À ses côtés, on retrouve Susan Sarandon (« Thelma & Louise »), dans le rôle de la grand-mère lesbienne, et Naomi Watts (« Mulholland Drive ») dans celui de la mère.
Si cette famille est dotée d’une ouverture d’esprit, elle n’en est pas moins réticente à l’idée que Ray commence un traitement pour prendre de la testostérone. Le film se focalise davantage sur l’acceptation de la transformation de Ray par son entourage familial et non par la société. La grand-mère se demande ainsi pourquoi Ray ne peut tout simplement pas être lesbienne. Malgré le caractère dramatique de l’histoire, le film est aussi très drôle. Et ce sont justement les personnages de la grand-mère et de sa compagne qui vont apporter cette touche humoristique. « Three Generations » aborde également d’autres thématiques telles que le passage de l’adolescence à l’âge adulte. Cette construction identitaire de Ray passe par plusieurs étapes dont la quête de la figure paternelle, mais aussi la transformation physique qui va être marquée par un geste symbolique de la part de Ray, celui de se raser les cheveux.
« Three Generations » s’ajoute ainsi à la liste encore trop courte des films mettant en scène la communauté trans. On se souvient du film « The Danish Girl », sorti au début de l’année, avec Eddie Redmayne dans le rôle de Lili Elbe, cette artiste danoise connue comme étant la première personne à avoir subi une opération pour changer de sexe. Néanmoins, une question se pose face à ces films qui prétendent mettre en avant la communauté trans : pourquoi ne pas choisir des acteurs trans pour interpréter des personnages trans ? Cette démarche qui consiste, en l’occurrence, à choisir Elle Fanning, une actrice cisgenre, pour interpréter un personnage transgenre est plus que problématique. Rappelons-nous également des films tels que « Boys Don’t Cry » où Hilary Swank avait remporté un Oscar pour le rôle de Brandon Teena, ou encore « Dallas Buyers Club » dans lequel Jared Leto incarnait le rôle d’une transgenre atteinte du Sida. Pourtant ce n’est pas comme si les acteurs trans n’existaient pas. Dans la série « Orange is the New Black », le personnage de Sophia Burst est interprété par une actrice transgenre, Laverne Cox. Mais malheureusement, elle reste une exception. Il est donc plus que temps que l’industrie cinématographique et télévisuelle se remette en question et choisisse de soutenir des acteurs et actrices trans pour interpréter des personnages de la communauté transgenre.
(Nathalie De Man)