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THE VISITOR

Thomas McCarthy (USA - distributeur : Imagine Film Distribution)

Richard Jenkins, Hiam Abbass, Marian Seldes, Haaz Sleiman, Maggie Moore

104 min.
17 décembre 2008
THE VISITOR

Un homme vieillissant se promène dans le dédale de sa vie. Un dédale qui n’en a plus que le nom, dont la forme complexe s’est muée en une ligne droite, tracée à la règle, froidement, avec précision. La vie de cet homme s’est asséchée, pour devenir un espace dépeuplé, vidée des gens et des émotions.

Dans « The Visitor », on observe Walter évoluer dans son quotidien norme, les traits vides, désespérément figés en une moue détachée, triste, sans vie. Et puis soudain, une étincelle jaillit. Elle est inattendue, peut-être une peu artificielle, mais elle existe néanmoins, poussant l’homme vers un accès de vitalité qu’il ne soupçonnait plus. Une bouffée de dynamisme qui le prend au dépourvu et le propulse vers l’inattendu. Vers un peu de vie, à nouveau.

Ce chamboulement découle de la rencontre, au départ plutôt désagréable, entre Walter et une couple d’illégaux, Tarek et Zainab, vivants dans son appartement new-yorkais. Alors que dans un premier temps il les met hors de chez lui, il leur propose très vite de les héberger pour quelques jours. Rapidement ces quelques jours s’avèrent être bien plus qu’un simple coup de main rendu, et donne une tournure essentielle à la vie de Walter.

Parce qu’il est touché dans son être par ce couple de jeunes gens. Parce que soudain un peu de vie s’immisce dans sa routine. Un rythme neuf vient informer son quotidien, à l’instar du son du djembé qu’il apprend avec Tarek.

Il redécouvre le plaisir de partager un repas, un moment, une émotion avec une tierce personne. Il réapprend l’autre au travers de ce couple, il touche du doigt les relations humaines. Il s’aperçoit même qu’elles lui sont encore accessibles lorsque qu’il rencontre la mère de Tarek. Il comprend, simplement, que la solitude qui est devenue la sienne n’est pas une fatalité.

Alors évidemment, lorsque Tarek et arrêté et placé en centre de détention parce qu’il est illégal, c’est le nouvel équilibre fragile de Walter qui est mis à mal. C’est alors qu’il retrouve un sentiment perdu, celui de se battre pour quelqu’un. Celui de se sentir important et utile pour quelqu’un. Celui d’exister pour quelqu’un. Et c’est peut-être ce qui est le plus important. La validation de son existence par l’autre. La reconnaissance de soi-même dans le regard de l’autre. Walter existe, à nouveau.

On pourrait voir « The Visistor » comme un film dont la thématique centrale est le problème de l’immigration et de la détention qui y est de plus en plus souvent lié aux Etats Unis. Et effectivement, c’est un des thèmes que Thomas McCarthy souhaitait aborder dans ce second long métrage. Mais sans doute est-ce dommage de n’y voir que cette problématique, d’autant que de notre point de vue européen, elle semble présentée d’une façon un rien simpliste.

« The Visitor » est un film qui émeut parce qu’il traite de la solitude qui guète chaque humain. Une solitude qui s’ancre en l’être et l’amoindrit. Mais une solitude qui n’est pas irrémédiable, puisque, comme l’esquisse le film, il suffit d’un simple rencontre pour que la vie prenne un tour inattendu. Et plein de vie. (Justine Gustin)