Comédie sentimentale
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THE SWITCH

Josh Gordon et Will Speck

Jennifer Aniston, Juliette Lewis, Jason Bateman, Jeff Goldblum

101 min.
25 août 2010
THE SWITCH

On peut aimer des actrices pour leur intelligence (Isabelle Huppert), leur sophistication (Julianne Moore) leur névrose (Valeria Bruni-Tedeschi) et avoir un « buntche » irraisonné pour des comédiennes dont le capital de sympathie est essentiellement basé sur une grimacière pétulance et une désarmante candeur - Sandra Bullock, Reese Witherspoon.

Et Jennifer Aniston, découverte dans le feuilleton « Friends » et depuis lors suivie avec la fidélité aveugle d’un caniche pas toujours très fûté.

Souvent cantonnée dans des rôles de fille sans âge - son apparence passe partout l’aidant à jouer tous les lustres entre 25 et 45 ans. Sans (beaucoup) de profondeur et dont l’envie de se la jouer cool gomme chez ses personnages prise de risque, complexité et ambiguïté.

Avec « The switch » le momument de volontaire momification « Aniston » pourrait-il se fissurer ?

Pas sûr même si le film repose sur un matériau de choix : une nouvelle (*) de Jeffrey Eugenides, celui-là même dont le roman « Virgin suicides » a été adapté au cinéma par Sofia Coppola.

Nouvelle dans laquelle une quadragénaire célibataire décide de recourir à l’insémination artificielle (**). Le jour J et à son insu il y a un déplacement volontaire des « générosités » séminales entre le donneur sélectionné et le meilleur ami de la future mère - un étonnant Jason Bateman hypocondriaque et angoissé dont on se réjouit que son boss soit un Jeff Goldblum en grande forme classieuse et rigolote. 

Comme toujours chez Eugenides (***) l’essentialité du propos tourne autour de la quête de l’identité. En l’occurence celle d’un enfant de 6 ans, mal dans ses baskets et en voie d’haroldisation ("Harold et Maud" de Hal Ashby).

« The switch » est sans conteste une comédie parfois incisive parfois lourde mais il n’est pas qu’une comédie. Il est aussi un regard sur une méthode de procréation qui fait de la relation père/enfant un nid à questions la plupart du temps sans réponse.

Si on regarde ce film en acceptant ses compromis vis-à-vis des inévitables clichés propres au genre - notamment le fait que le spectateur a toujours une longueur d’avance sur les personnages - et en se laissant emporter par l’humour rapide et un peu facile de répliques proche du ping pong verbal des « screwball comedies », on y trouve un plaisir inattendu.

Primaire sans doute mais le cinéma est aussi une façon de se divertir n’est-ce pas ? (mca)

(*) « Baster » parue dans le « The New Yorker » du 17 juin 1996 et ensuite compilée avec d’autres short novels - dont une écrite par Woody Allen - dans « Wonderful town » paru en 2000 aux éditions Ramdon House.

(**) Sujet qui semble inspirer Hollywood - « The back-up plan » d’Alan Poul avec Jennifer Lopez et « The kids are all right » de Liza Cholodenko avec Julianne Moore. Est-ce pour en désamorcer la gravité que le cinéma aborde ce thème sous l’angle quasi exclusif de la comédie - à l’exception du fascinant « Flamme et femme » de Kiju Yoshida qui inscrit, avec l’intelligence formelle qu’on lui connaît, ce choix dans le cadre d’une émancipation de la femme.

(***) « Middelsex » lauréat du prix Pulitzer 2002 dans lequel un jeune androgyne part à la recherche de lui-même.