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THE RISE OF THE PLANET OF THE APES - LA PLANETE DES SINGES - LE COMMENCEMENT

Rupert Wyatt (USA 2011)

Freida Pinto, Andy Serkis, James Franco

106 min.
10 août 2011
THE RISE OF THE PLANET OF THE APES - LA PLANETE DES SINGES - LE COMMENCEMENT

Les origines, déclins et fins de civilisations ont toujours quelque chose de fascinant.

Parce qu’ils allient deux aptitudes avec lesquelles l’être humain aiment jouer : le sens du tragique et les hypothèses audacieuses.

Ce qui explique sans doute le succès planétaire des livre et film de Pierre Boulle et Franklin J. Schaffner qui dans les années 1960 ont imaginé à la terre et ses habitants un devenir pessimiste et catastrophiste.

Les frissons et émotions qui étaient au commande de ces blockbusters sont ici sinon délaissés du moins balisés au profit d’une réflexion et d’un questionnement sur notre façon de vivre.

Will Rodman travaille pour un laboratoire de recherche génétique friand de bénéfices élevés. Pour mettre au point un remède contre les dégénérescences qui affectent le cerveau humain, il se sert de cobayes, des chimpanzés.

Si on s’arrête à une lecture factuelle de l’histoire, on peut se contenter d’y voir un film de genre ficelé avec efficacité et sacrifiant aux règles convenues d’un cinéma accessible, vif et distrayant.

Mais si on élargit les cercles du décodage, on peut y lire bien plus qu’un récit fantastique qui bluffe par son brio technique (la motion capture pulsée avec talent par Andy Serkis *) et son intelligence à suggérer des relais entre une fiction et la réalité de ce XXIème siècle naissant.

C’est dans ces strates mille-feuillées que se glisse un intérêt démultiplié par plusieurs points de vue - philosophique, moral, eschatologique.

Appendu à son goût du profit, vissé à un désir de performances sans fin, vaniteux, arrogant, incapable de reconnaître, sans vouloir les détruire ou les exploiter, les qualités de ceux qu’il toise de sa supériorité autoproclamée, l’homme est présenté comme incapable de reconnaître ses limites.

De renoncer à ses intentions et inventions a priori louables pour lutter contre des maladies, même s’il pressent que leurs conséquences catalyseront moult pulsions (auto)destructrices.

Film sur l’évolution des espèces, « La planète… » souligne que la race humaine, infatuée et biberonnée au capitalisme-à-tout-prix, est à un tournant qui, mal négocié, deviendra source de drames (écologiques, économiques, relationnels et personnels…) annoncés.

Tiraillé entre sadisme et sentimentalisme doucereux, entre infantilisme et prise de responsabilité - le héros développe, et ce n’est pas innocent, avec un animal un lien quasi paternel dont les excès (pathologiques ?) commandent, pour restaurer un ordre des choses perturbé, la rébellion du « fils ».

Si chez l’homme les qualités de tolérance, de désintéressement, de capacité à refuser un projet dangereux … sont menacées au nom d’une puissance qui s’appelle l’argent, peut-on être sûr que dans un monde dominé par les singes la situation s’améliorera ?

C’est sur cette question concluant la préquelle que se niche l’origine de la surprenante et désespérante fin (culte) du film de 1967 parce que si les singes sont intelligents et prompts à apprendre, qu’ont-il appris d’autre que de nous … singer ?

En dupliquant la brutalité, le machiavélisme, la cupidité dont ils ont été les témoins. Et les souffre-douleurs.

Leur révolte n’est en fait qu’une façon de se faire justice.

Une vengeance ? (mca)

(*) dont certaines attitudes ne sont pas rappelés celles de Charlton Heston dans " The planet of the apes" version 1967. Anticipant en quelque sorte l’universalité cyclique du rapport dominant/dominé, victime/bourreau.