Juste pour passer le temps
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THE IRON LADY

Phyllida Lloyd

Meryl Streep, Anthony Head, Jim Broadbentplus

105 min.
15 février 2012
THE IRON LADY

Pour incarner Margaret Thatcher, Première Ministre Britannique durant 11 ans, Meryl Streep retrouve la réalisatrice de Mamma Mia ! (2008), Phyllida Lloyd. Et c’est avec une froideur extrême et une transformation hallucinante que cette grande actrice ne se limite pas à interpréter, mais devient, cette femme historique controversée.

 

Le résultat est un film tenu principalement par la prestation de cette grande dame talentueuse du cinéma qu’est Meryl Streep, avec une mention spéciale pour le maquillage hors du commun qui vieillit l’actrice de manière étonnante, la rendant presque méconnaissable. Tout l’intérêt réside dans la manière dont la comédienne prend les traits de la dame de fer, lui prêtant son corps et sa voix.

 

En dehors de cette prestation, le film est un peu longuet et manque de rythme, comme de substance. Loin de la personnalité qu’elle aborde, l’oeuvre évite de se mouiller, évente les risques de controverse, et passe, de ce fait, à côté de son sujet, de son thème, pourtant si interpellant.

 

L’histoire de la mise en place d’une politique de fer est adoucie, tout un pan des décisions qui furent prises est ignoré. Pourtant, cette époque ne semble pas si lointaine, les choix et les décisions qui ont été posés ont influencé la société dans laquelle nous vivons aujourd’hui. Les redressements économiques faisant fi de l’humain, s’attachant aux chiffres et non aux personnes, auraient pu dynamiser le film, le faire résonner plus directement avec notre époque.

 

L’emphase extrême portée à la maladie de la dame perdue souffrant d’Alzheimer qu’est devenue Margaret Thatcher, support pour insister sur le deuil non résolu de son mari, pose une interrogation. Entre réalité et fiction, ce film s’égare car il ne choisit aucun camp et ne joue pas non plus sur une dualité possible entre histoire et cinéma.

 

Peu de cas est fait de cette vieille dame, noyée dans la misère de son esprit, traitée sur un mode à la limite du sentimentalisme. Il n’y a pas de plongée profonde dans les tréfonds de son âme. Ce qui est offert par cette retranscription voulue fidèle et calquée sur l’image publique de la dame n’est que surface, suppositions, interprétations. Un peu de culot aurait été bienvenu. Sans doute un film plus violent dans sa forme et son propos, dans sa consistance, aurait mieux fait honneur à l’actrice succulente qu’est Meryl Streep.

 

Enfin, la maladie dont souffre Margaret Thatcher est sûrement le plus clair des messages qu’elle peut nous envoyer à l’heure actuelle, si l’on prend la peine de s’arrêter pour s’interroger. Peut-être lui a-t-il fallu faire émerger une solution pour oublier ce passé, oublié ces non-sens, continuer à vivre pour pourtant mourir à petit feu. (Ariane Jauniaux)