Reconstitution d’un fait divers
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THE HOAX

Lasse Hallström (USA 2007 - distributeur : Belga Films)

Richard Gere, Alfred Molina, Marcia Gay Harden

116 min.
13 juin 2007
THE HOAX

Il n’est pas rare que les hoaxes s’invitent sur les écrans des PC. Leur force de conviction n’est souvent que la projection du crédit accordée par le surfeur à l’information, parce que, quelque part, cela l’arrange de croire à ce qui, avec un minimum de logique critique, pourrait être aisément démonté.

Ainsi l’un des canulars dont la vie webienne fut la plus longue concernait l’expérience menée par des scientifiques russes qui auraient réussi à faire cuire un œuf placé entre deux téléphones cellulaires grâce à l’énergie qu’ils émettent. Nouvelle qui, répandue lors d’un pic de questionnement sur la nocivité possible des GSM, a pu aisément s’incruster dans le naturel anxieux des êtres humains.

Avec « The hoax » de Hallström, le succès de l’entreprise repose sur une autre disposition innée de l’individu : la curiosité qui le pousse à vouloir connaître la vie d’une star. Envie encore décuplée si celle-ci est un milliardaire reclus dans un hôtel de Las Vegas dont il est à la fois le propriétaire et le seul client.

C’est ce qu’a parfaitement compris Clifford Irving, écrivain en panne de best-sellers, qui lassé de son absence de reconnaissances publique et financière, propose à son éditeur le scoop de la décennie : la biographie d’Howard Hughes sur base d’interviews exclusives accordées par le plus secret (et dès lors fascinant) des misanthropes américains (*).

Deal conclu avec en prime une avance d’un million de dollars, ce qui équivaut pour l’époque
à une décroche du super bingo.

Pour mener cette partie de poker menteur, deux comédiens au meilleur de leur forme, un Richard Gere, dont le machiavélisme est d’autant plus redoutable qu’il repose sur un socle de charme … une fois assimilée la découverte de sa chevelure proche de celle du merinos et un attachant Alfred Molina. Un scénariste (William Wheeler) habile à repérer l’essentiel d’un livre. Et un metteur en scène qui joue avec habileté de différents codes cinématographiques : la comédie, le suspens et le drame.

Sur fond d’imposture, Hallström invite le spectateur à deux heures de divertissement soigné, et à une réflexion sur une époque, qui est, ne l’oublions pas, celle de la guerre du Vietnam.

Sans nécessairement adhérer à la suggestion que l’origine du Watergate se niche dans l’aggravation, suite à l’affaire Irving, de la paranoïa de Richard Nixon à l’égard de Hughes, « The hoax » attire néanmoins l’ attention sur la fragilité des hommes, toujours poreuse, à céder aux sirènes de la mystification.

Quel dommage que la vérité doive gâcher une bonne histoire a dû se dire Irving lorsqu’il a été
condamné à 17 mois de prison. Quelle chance se dit le spectateur que la toile de ses mensonges ait inspiré un cinéaste, qui semble avoir renoué avec un cinéma plus amer (**) que ses dernières réalisations (***) pour la transposer sur celle du grand écran. (m.c.a)

 ,
(*) dont Scorsese a dressé, à partir du livre de John Logan, un intéressant portrait dans le récent « The aviator »
(**) "My life as a dog", "What’s eating Gilbert Grape"
(***) l’inutile " An unfinished life", le trop sweet "Chocolat", ou le consensuel "Casanova".