Ronit Elkabetz, Sasson Gabai, Saleh Bakri
Après avoir vu ce film qui fait de la solidarité entre les humains la valeur essentielle de leur entente, on se dit qu’il serait urgent que la Charte des Nations Unions abolisse les hymnes nationaux et les remplace par un solo de trompette de Chet Baker.
Avec en choix de morceaux « Summertime » ou « My funny Valentine ».
L’orchestre de cérémonie de la police d’Alexandrie (excusez du peu…) débarque en Israël pour participer aux festivités d’inauguration d’un Centre Culturel Arabe.
A la suite d’une erreur - confondre un p et un b dans le nom de la ville hôtesse – le band se retrouve dans un « bled » au milieu du désert.
Et là l’aventure, ou plus exactement, les aventures commencent. Durant une fin de journée et une nuit, des hommes et des femmes avec tendresse, humour et gravité, vont se parler, se confier (même dans leurs silences), tenter de sortir de leur solitude et s’épauler.
Au-delà des frontières d’incompréhension imposées par le conflit israëlo-palestinien, Eran Kolirin choisit de rendre au cinéma sa vocation d’union.
D’union à travers un dialogue qui, absent des rencontres politiques, ne l’est pas des rencontres individuelles entre Arabes et Juifs auxquels il faudra peu de temps pour se rendre compte qu’ils partagent les mêmes désirs et les mêmes peurs.
Par une mise en scène quasi rectangulaire, le réalisateur souligne, sans jamais s’appesantir sur
une réalité que l’on sait toujours prête à en découdre, que seule la rondeur des échanges peut être une issue à un repli sécuritaire.
Peu d’indices du climat de tension entre les deux communautés, juste des traces parsemées avec une intelligente et sensible discrétion pour rappeler que le nationalisme est un danger : un drapeau qui flotte au vent, une photo écho à un conflit armé.
Et des uniformes. Qui symbolisent par leur référence implicite toute la complexe simplicité du dispositif narratif de « The band’s … ».
Est-il possible pour des « ennemis » d’envahir un pays et est-il envisageable pour ce dernier d’accueillir les premiers sans que soient envisagées des représailles ?
Sorte de « Guerre des six jours » à rebours, « The band’s… » est un film profondément pacifiste.
Profondément mélancolique aussi. Parce qu’Eran Kolirin n’est pas dupe. Ce qu’il montre est
la traversée d’une douce folie.
D’un rêve auquel nous spectateurs avons envie de croire. Parce que les rêves font vivre.
Parce que les rêves sont des matérialisations de souhaits et de vœux aspirés à ne pas rester pieux. (m.c.a)