Ximena Ayala, Lisa Owen, Sonia Franco, Wendy Guillén, Andrea Baeza, Alejandro Ramirez Munoz
Claudia a 22 ans. Elle
travaille en tant que démonstratrice dans un supermarché, vit dans un
appartement miteux et mène une existence solitaire dans une grande ville du
Mexique. Un soir, elle atterrit aux urgences pour une crise d’appendicite. Elle
y fait la connaissance de Martha, sa voisine de chambre, qui est atteinte d’une
maladie incurable. Âgée de 46 ans, Martha est la mère de quatre enfants nés de
trois pères différents. Pilier d’une famille éclatée mais soudée, Martha fait
montre d’une inépuisable joie de vivre en dépit des difficultés et des souffrances
que la vie et la maladie lui imposent. Enthousiaste, drôle et chaleureuse,
Martha incarne la figure maternelle attentionnée, pleine de tendresse à l’égard
de chacun de ses enfants, véritable satellite de l’amour autour duquel gravite
la vie de tous les membres de la famille. Touchée par la solitude de Claudia,
Martha l’invite à habiter chez elle à sa sortie de l’hôpital. Désorientée dans
un premier temps par l’organisation chaotique de cette famille constituée
d’individualités au caractère bien marqué, Claudia trouve progressivement sa
place au cœur de la maisonnée, et finira par devenir la quatrième fille de
Martha.
Touchant et drôle, ce
film cent pour cent féminin, aborde un sujet sensible et difficile avec délicatesse
et légèreté. Jouant sur les registres de la comédie et du drame, la
réalisatrice, Claudia Sainte-Luce a été capable de trouver le juste équilibre
entre le sourire et les larmes sans jamais s’abandonner à un humour de mauvais
aloi ni à une sensiblerie larmoyante. Toutes les personnalités qui font ce film
savent se rendre attachantes, et les défauts, faiblesses et manies qui
caractérisent chaque individualité, renforcent l’authenticité de leur profonde
humanité. Martha (formidable Lisa Owen), modèle de la femme qui accueille la
joie et la peine d’un même front, triomphe, d’une certaine manière, des affres
de la maladie, en savourant l’instant présent avec une égale bienveillance. Mais
outre le drame qui unit et parfois déchire les membres de cette famille
originale, The amazing catfish évoque aussi le hasard des rencontres et
l’alchimie des sentiments (ce que Goethe qualifiait d’affinités électives). Si
comme l’écrivait Voltaire, « le hasard n’est et ne peut être que l’effet
d’une cause ignorée », Claudia Sainte-Luce nous laisse à penser que le
hasard des rencontres nous révèle à nous-mêmes et aux autres dans notre plus
intime vérité, autant qu’il peut nous dévoiler une nouvelle manière de regarder
la vie.
( Christie Huysmans )