François Damiens, Sergi López, Jan Hammenecker, Anne Paulicevich, Zacharie Chasseriaud, Mariano "Chicho" Frumboli
Tango Libre, c’est avant tout l’histoire de JC, un personnage maladroit mais terriblement attachant. Ce gardien de prison (incarné par François Damiens) qui aime s’adonner aux joies du tango. À l’un de ses cours de danse, il rencontre Alice, un protagoniste beaucoup plus excentrique et torturé dont il tombera rapidement sous le charme. Il la revoit ensuite dans des circonstances pour le moins attrayantes : au parloir de la prison où il travaille. Sa nouvelle partenaire de danse semble être à la fois la femme d’un prisonnier mais également l’amante d’un autre.
L’histoire peut paraitre simpliste, on se laisse tout de même prendre au jeu, à celui du tango et du véritable univers enchanteur que cette danse suscite tout au long film. Pas étonnant dès lors que le quatrième long métrage du réalisateur belge eut été primé dans plusieurs festivals (*).
Le film commence d’emblée sur quelques notes de musique qui se déclineront en rythmes de tango. Le ton est donné : la danse sera le leitmotiv du film. Lieu de rencontre des protagonistes mais aussi des spectateurs, elle constitue un personnage en soi.
François Damiens révèle une facette de son jeu d’acteur presque inconnue à ce jour (**). Souvent dans la retenue et non dans l’excès (comme trop souvent dans ses rôles précédents), son personnage arrive à la fois à nous faire rire et à nous émouvoir. Deux sentiments aux allures antagonistes qui se marient parfaitement bien ici. Quant au personnage d’Alice, il est sensiblement moins convaincant. Joué par Anne Paulicevich, femme du réalisateur et coscénariste du film, il manque quelque peu de consistance et de charisme pour pouvoir prétendre être à l’origine de ce « carré » amoureux.
À la limite entre ovni cinématographique et comédie classique bien de chez nous, le film de Frédéric Fonteyne reste véritablement inclassable. Un pari risqué et presque tenu pour le réalisateur qui déclarera lui-même à propos de son film : « Il fallait du courage pour produire ça » (***). Car même si la vision du film est plus que plaisante,
il nous laisse un peu sur sa fin, trop expédiée et farfelue, même pour l’esprit décalé du film.
Bénédicte Eïd
(*) Le film a en effet remporté le Prix Spécial du Jury Orizzonti à la Mostra de Venise et le Grand Prix du festival de Varsovie.
(**) On retrouve néanmoins déjà une variante de ce jeu en retrait dans La Délicatesse (2011) où l’acteur joue aux côtés d’Audrey Tautou.
(***) Propos tenus à l’égard de Patrick Quinet, producteur du film, lors de l’avant-première du film présenté le 31 octobre 2012 au Bozar.