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T2 TRAINSPOTTING

Danny Boyle

Ewan McGregor, Ewen Bremmer, John Lee Miller, Robert Carlyle

118 min.
1er mars 2017
T2 TRAINSPOTTING

Quelques vingt ans après « Trainspotting », film culte de toute une génération, Danny Boyle réunit les acteurs qu’il avait alors révélés et parvient à nous embarquer dans un trip cinématographique qui, s’il se révèle moins trash et moins provocateur qu’en 1996, conserve toute sa puissance rythmique.

Petit retour en arrière : il y a un peu plus de deux décennies, le réalisateur de l’excellent « Shallow Grave » en 2003 (et oscarisé en 2009 pour « Slumdog Millionaire ») adaptait de manière détonante le roman d’Irvin Welsh, lequel décrivait l’addiction à l’héroïne d’un groupe de jeunes écossais à la dérive, prêts à tout pour satisfaire leur dépendance. Portrait d’une génération défoncée et dépourvue d’illusions dans une ville grisâtre ravagée par la dépression économique (Edimbourg), lente descente aux enfers d’une bande de copains, qui tantôt flirtaient avec l’extase narcotique, tantôt s’enfonçaient dans des délires sordides et mortifères, « Trainspotting »marqua durablement les esprits, tout autant que sa trippante bande originale.

Qui, par ailleurs, ne conserve pas en mémoire le mythique laïus de Renton (Ewan McGregor) « Choose », qui, à l’époque, fut imprimé sur des affiches se vendant comme des petits pains sur le marché de Camden Town. Petit rappel : « Choose life. Choose a job. Choose a career. Choose a family. Choose a fucking big television. Choose washing machines, cars, compact disc players and electrical tin openers… ».Le réalisateur ne manque d’ailleurs pas l’occasion d’y faire un clin d’œil dans ce deuxième volet, librement adapté du livre « Porno », écrit en 2002 par le même Irvin Welsh.

En l’espace d’une vingtaine d’années, qu’est-il advenu de Simon, surnommé Sick Boy (John Lee Miller), de Begbie (Robert Carlyle), de Spud (EwenBremmer) et surtout de l’habile Renton, qui avait grugé ses potes en prenant la poudre d’escampette après un deal particulièrement juteux ? C’est sur un retour au pays, lequel a bien changé, que s’ouvre cette « suite » avec un Renton qui, après un exil à Amsterdam, vient s’amender auprès de ses anciens comparses et essaietant bien que mal de renouer contact avec chacun d’entre eux. Si, Edimbourg [1] n’est plus une ville sinistrée et s’est radicalement transformée sous l’impulsion d’une Europe qui en Écosse est loin d’être méprisée, on ne peut en dire autant de tous les personnages qui, chacun à leur manière, ont toujours un certain penchant pour les voyages sous influence, les plans foireux et un goût très sûr en matière d’arnaque. Car, même si certaines rancunes subsistent, tout cela ne va guère les empêcher de remettre le couvert pour monter l’affaire du siècle avec une foi tout aussi juvénile.

Il ne fait nul doute que tous les spectateurs ayant adoré « Trainspotting » (qui, soulignons-le, mérite d’être revu pour l’occasion), aimeront ce sequel qui, même s’il n’est pas dénué d’une certaine nostalgie parfois teintée d’ironie, ébouriffe encore par son esprit punk et déjanté ainsi que par l’extraordinaire mobilité cinématographique d’un réalisateur qui fait défiler les images à une cadence effrénée sans faire de son film un grand clip. Côté musique, celle-ci ne donne pas dans la demi-mesure, égale, voire surpasse la soundtrack de 1996 dont les deux volumes n’ont toujours pas pris une seule ride.

(Christie Huysmans)

[1On notera que, pour des raisons pratiques, le film s’est principalement tourné à Glasgow et non à Edimbourg. Comme l’a souligné Danny Boyle à Berlin où le film fut présenté hors compétition, le Brexit mit littéralement en état de choc toute l’équipe du film, qui était en plein tournage au moment de l’annonce d’un vote qui fut loin d’avoir l’assentiment de la majorité des Écossais.