Docu-reportage
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SURYA, FROM ELOQUANCE TO DAWN

Laurent Van Lacker (Belgique 2007)

Les voix des conteurs

76 min.
27 février 2008
SURYA, FROM ELOQUANCE TO DAWN

Quelle belle idée. Qui pourtant ne réussit pas totalement à faire de « Surya » un bon film. Mais plutôt un intéressant documentaire.

Le postulat du réalisateur est simple : rencontrer de la côte belge - Ostende, la ville d’Ensor, d’Arno - au Vietnam, dix conteurs (*) et leur proposer de jouer à ce jeu bien vivant, malgré son nom de « cadavre exquis », qui consiste à ajouter, chacun, un bout d’histoire à celle d’un héros fictif.

Ces « Homère » de l’instant inventant, dans leur langue et avec leurs propres référents culturels, au personnage de Nemo - tout un programme en soi - un itinéraire proche de la quête.

Quête de sa propre vie qui, contrairement au « Go West young man » de l’oncle Sam, le fait voyager vers l’Est. Là où le soleil se lève. Là ou les origines commencent.

Périple à travers un espace géographique (**) mais aussi et surtout à travers un imaginaire. Celui des racontants et celui des écoutants.

Un imaginaire qui par ses diverses composantes pose les bases d’un avenir qui ne peut être que multiculturel.

Et c’est bien là la surprise de ce déroutant « Surya ». Faire entendre par l’antique tradition orale ce que le réalisateur espère du futur : la fin des individualismes, nationalismes et racismes.

Ethnologue de formation, Laurent Van Lacker n’est pas un cinéaste. Il ne faut donc pas attendre de sa part un regard ou un point de vue de cinéaste.

Sa caméra n’est pas toujours placée au meilleur endroit, sa mise en scène est de l’ordre d’un désordre à la bonne franquette qui peut déranger le spectateur qui souhaite avoir des repères de lieux et attend d’une histoire que son développement soit, sinon évident, du moins dans l’exclusion de la confusion.

Si l’on donne à ce « Surya » l’intention de solidarité mise par Paul Fort dans son poème « Si tous les gars du monde se donnaient la main… », alors l’entreprise s’éclaire d’un propos généreux et confiant dans la capacité des gens à œuvrer à un projet commun.

Générosité, confiance et culot. Culot de rappeler qu’en ses débuts, l’humanité parlait une seule et même langue. Culot de rappeler, en cette époque de prééminence de l’écrit (livres, texto, courriel, internet) que la parole est resté un moyen d’entrer en communication avec l’autre. De se dire et de raconter.

Encore faut-il avoir la patience d’écouter. (m.c.a)

(*) Dommage que, comme en politique, la parité homme/femme reste une illusion
(**) La Slovaquie, la Turquie, le Kurdistan, la Syrie, l’Iran, le Pakistan, l’Inde, le Népal, le Tibet, la Chine, le Vietnam