Cécile de France, Kad Merad, Louis-Do de Lencquesaing ...
Avec « Superstar » nous ne sommes pas dans « L’art du peu » cher à Morton Feldman mais dans la célébration du gras.
Du lieu commun tellement épais qu’à son contact on se sent envahi par un sentiment qui mixte le refus de se laisser abrutir et l’envie de dire son ras-le-bol.
Devant un cinéma qui prend prétexte d’un thème de société à illustrer pour s’enliser dans une suite de séquences charriant la vulgarité des sentiments, l’incrédibilité des enchaînements narratifs, le romantique le plus saugrenu.
Sans oublier la manne céleste des références chic et choc ( « Bartelby » de Melville, « La métamorphose » de Kafka, le quart d’heure de gloire de Warhol...) chargées de conforter le spectateur dans l’illusion qu’il va voir un film intelligent, inspiré, engagé.
Qui pose sur le Monde des médias et ses dérives populistes aussi grotesques qu’effrayantes un regard pertinent et décapant.
Alors que pour être percutant il manque à ce « Superstar » les trois qualités qui sous la caméra d’un Lumet ou d’un Rossi en auraient fait une œuvre réellement puissante : du nerf, du coriace, de la rage.
Dans le dernier Woody Allen « To Rome with love », Roberto Begnigni devient, sans raison mais pas sans conséquence, célèbre du jour au lendemain. Dans « Superstar » c’est Kad Merad qui sort de l’anonymat en devenant le sujet/objet d’une émission télévisée du type "poubelle" imaginée par Cécile de France.
« Mon Dieu, gardez-moi de mes amis. Quant à mes ennemis je m’en charge », cette phrase de Voltaire, Martin Kazinski - le personnage principal du dernier film de Giannoli - pourrait en faire sa devise dès qu’il prend conscience que devenir connu c’est entrer en Enfer.
Un Enfer fait d’absurde, de méchanceté, d’agressivité.
Sur ce thème aux multiples potentialités humaines, sociales et politiques (*), le cinéaste va tricoter, point mou alternant avec point mièvre, une farce aux rebondissements convenus jusqu’à et y compris une scène finale digne des plus risibles happy ending hollywoodiens.
Au service des personnages, un Kad Merad dont le regard perpétuellement ahuri trouve ici une légitimation et une Cécile de France qui, malgré ses coups de menton volontaires, peine à s’imposer dans un rôle écrit à la hache.
Alors, « Supertar » ou super con ?
Ou encore « Superstar » parce que super con ?
Le film est librement inspirée du livre de Serge Joncour « L’idole » paru en 2005.
Que celles et ceux qui ont envie d’un regard de qualité sur " Les grandeurs et décadences" de l’homme de la rue aveuglé par les feux de la rampe n’oublie pas le "Meet John Doe" de Frank Capra.
Avec un éblouissant Gary Cooper. (mca)
(*) le parallèle entre la volonté d’un quidam d’être banal et celle du nouveau résident de l’Elysée depuis ce 6 mai d’être un président ordinaire est un sucre d’orge pour les esprits sensibles aux rapports entre l’aléatoire et le symptomatique d’une époque.