Comedie aigre-douce
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SUNSHINE CLEANING

Christine Jeffs (USA - distributeur : Kinepolis Films Distributors)

Amy Adams, Emily Blunt, Alan Arkin, Steven Zahn, Kevin Chapman

92 min.
3 juin 2009
SUNSHINE CLEANING

Cette histoire est celle de deux femmes que tout sépare mais qu’un lien du sang et un drame d’enfance lient à jamais. Deux individualités qui se déchirent parfois mais qui, toujours, se respectent. Ces deux sœurs, Rose et Norah, unies par le souvenir de la disparition tragique de leur mère, sont incarnées avec authenticité et émotion par deux des plus intéressantes jeunes actrices de la nouvelle génération du cinéma américain, à savoir Amy Adams et Emily Blunt.

La plus jeune sœur, Norah, refuse tout engagement dans la vie et fuit toute responsabilité, incapable de conserver un simple petit travail de serveuse. Les blessures encore béantes de son enfance l’empêchent de s’accomplir en adulte complète. Son aînée, Rose, connaît elle aussi quelques difficultés à s’accomplir pleinement. Evoluant comme femme de ménage dans les demeures des plus riches, son environnement l’oblige à faire face aux démons de son passé d’adolescente populaire, passé qui lui prédisait un avenir glorieux aux yeux de ses anciennes compagnes de classe.

Aujourd’hui, sa position est bien loin de celle de la jeune épouse admirée de toutes. Aux yeux des autres, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même, jugement qu’elle doit à la relation qu’elle entretient avec l’homme marié qui fût autrefois son amour de jeunesse. Pourtant, un flottement, peut-être glissé au sein de l’histoire de cette mère au caractère fidèle et entier redoublant de courage pour mener à bien l’éducation de son fils, semble souligner que cette vie est peut-être beaucoup plus précieuse que la banalité de celle qui l’attendait autrefois.

Hantées par les échecs de leurs histoires individuelles, les deux soeurs vont pourtant être réunies par un travail improbable. Elles s’embarquent alors dans une expérience hors du commun, celle du nettoyage de scènes de crime. Cette entrée dans le chaos de la vie des autres va leur permettre d’explorer celui de leurs propres existences tout en poursuivant leur chemin sur la route du respect et de la compréhension de l’autre, dans toute sa similitude et sa différence.

Le récit, empli d’humour, met donc en scène une famille purement disfonctionnelle dans ce qu’elle a de plus touchant. Le refus du scénario d’expliquer chaque détail ou de boucler chaque trame narrative par une résolution traditionnelle ne fait qu’ajouter à la puissance émotionnelle qui se dégage de l’ensemble, dans un tout juste en sensibilité et non en sensiblerie.

Rose constate qu’il n’y a pas d’âge pour grandir ou pour apprendre à laisser les siens prendre soin eux-mêmes de leurs fantômes. Peut-être le bonheur est-il justement dans l’espace en marge de l’artificialité de la société urbaine sophistiquée des beaux quartiers, peut-être se trouve-t-il dans les actes d’écoute et d’entre-aide prodigués aux siens et dans la façon simple, mais sincère, de mener son existence. Les moments de vie simples mais intenses, ces instants d’évolution, d’élévation à un degré de compréhension supérieure, se révèlent parfois être les plus beaux. (Ariane Jauniaux )