A éviter
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STRAW DOGS

Rob Lurie (USA 2010)

Kate Bosworth, James Mardsen, Alexander Skarsgard, James Wood

110 min.
4 janvier 2012
STRAW DOGS

Le remake de trop ?

Sûrement pour ceux qui se souviennent du film de Sam Pekinpah de 1971. De son choc visuel et émotionnel.

Peut-être pas pour ceux qui n’ont pas le besoin d’inscrire ce qu’ils voient dans l’Histoire du cinéma.

Ce n’est pas tant au niveau des quelques différences factuelles entre les deux versions que la confrontation – finalement peu importe que le mathématicien des années 70 soit devenu un scénariste et que la moiteur du Mississipi ait remplacé le bucolique petit village anglais – que le récit blesse.

C’est au niveau de l’intention, de la pulsion philosophique qui motive le propos.

Chez Peckinpah, si les scènes de (viol)ence dérangent c’est parce qu’elles sont conçues pour mettre mal à l’aise et susciter une réflexion sur les frustrations & brutalité primitives tapies en chacun de nous quel que soit notre degré d’éducation.

Chez Rob Lurie, si elles installent un climat qui met mal à l’aise c’est parce qu’elles sont essentiellement provocantes, déconnectées de tout discours critique, de tout recul épistémologique.

Quasiment pornographiques.

David quitte Los Angeles pour s’installer dans le village natal de son épouse. Harcelé et agressé par les « rednecks » du cru, il rompt avec ses idéaux pacifiques et cherche à se venger.

Si la revisitation de l’œuvre de Peckinpah déçoit au niveau de son absence de point de vue, elle déçoit aussi au niveau de son interprétation principale - seuls James Wood & Alexander Skargard sont plutôt convaincants dans leurs rôles secondaires de bouseux psychotiques en pleine remontée de haines recuites.

Il n’y a pas chez James Mardsen ( de « X-men ») cette qualité qui existait chez Dustin Hoffman de savoir et pouvoir rendre la position d’un cinéaste qui ne cachait pas son pessimisme vis-à-vis de la soi-disant normativité de la civilisation.

A la fois parce que son talent est plus testostéronique que réfléchi et à la fois parce que le cahier de charges de Rob Lurie est moins intelligent et exigeant.

Le « Straw dogs » de Peckinpah est repris par Steven Jay Schneider dans son livre « 10001 films à voir avant de mourir » (*) - on doute que celui de Rob Lurie y figure un jour. (mca)

(*) paru aux éditions Omnibus