Yasser Talib, Shazda Hussein, Bashir Al-Majid
Ahmed a 12 ans ; il n’a connu son père, arrêté au moment de sa naissance par la garde républicaine de Saddam Hussein, qu’à travers les souvenirs de sa grand-mère. Il rêve de pouvoir le retrouver.
Raison pour laquelle, en 2003, trois semaines après la chute du régime, il entraîne celle-ci dans une recherche obstinée et incessante. Ainsi commence, à partir du Kurdistan, un voyage pédestre à travers un pays en deuil, l’Iraq.
Les voix, les cris, l’indéfinissable souffrance d’un peuple sont immortalisés par des images dont la force contenue dégage une puissance incommensurable.
Impossible d’imaginer une autre manière de raconter la disparition forcée de plus d’un million de personnes en Iraq, depuis 1991, que ce voyage extraordinaire.
Nous y retrouvons la grandeur et la fragilité humaines : Ahmed et sa grand-mère traversent un paysage post-apocalyptique habité par un peuple qui a gardé, malgré tout, son humanité et qui a encore un profond désir de montrer son sens de l’altruisme.
Shazada Hussein est pour la première fois devant la caméra. Kurde, elle est l’étoile polaire de ce voyage, et incarne des centaines de milliers de mères à la recherche de leur enfant et d’une paix fragile, elle est la seule femme à avoir témoigné au procès de Saddam Hussein.
Son petit-fils, Ahmed, est interprété par Yasser Talib qui n’avait jamais mis les pieds dans un cinéma avant la présentation du film à Berlin.
Ahmed est les yeux et la voix de sa grand-mère. Durant ce voyage, armé de la flûte en bois et de la veste de son père, il la conduit avec une énergie aussi héroïque qu’inépuisable et affectueuse.
Les révélations du voyage auront un effet dévastateur tant sur les personnages que sur le spectateur. L’espoir de retrouver le fils et le père disparu s’affaiblit sans pour autant asphyxier la volonté de réconciliation qui anime l’histoire. Une histoire magistralement racontée à travers la force de ses images, de ses dialogues, et l’expressivité d’une interprétation qui puisse une partie de sa puissance dans d’éloquents silences. (Lucia)
Son of Babylon, grand Prix du Jury au Festival du Cinéma Méditerranéen de Bruxelles, a été présenté à Sundance, à Istanbul et a gagné le Prix de la Paix à la Berlinale. C’est le premier film irakien de l’après Saddam Hussein