Lill Berteloot, Geert Van Rampelberg, Masako Tomita
Un été, quelque part en Belgique flamande, Julien (Geert Van Rampelberg) entraineur de saut en hauteur et sa fille Yuna ( Lill Berteloot), 11 ans, s’apprêtent à aller camper. Et puis le drame, Julien tombe de l’arbre dans lequel le ballon de Yuna était resté coincé.
Le film s’accélère alors et nous assistons à la recomposition difficile de la famille dispersée autour de Julien plongé dans le coma à l’hopital : Kai, (Kaito Defoort) le frère ainé accourt d’Allemagne , la mère japonaise, Aika, (Masako Tomita), et sa plus jeune fille née de son remariage accourent, elles, du Japon et tous s’installent dans la maison de Julien, absent.
La réalisatrice réussit si bien à nous faire ressentir l’atmosphère pesante, lourde de cette famille où tant de non-dits , de reproches, semblent s’étre installés depuis le départ de la mère. Le tour de force de ce film, lent à souhait, où rien ou à peu prés ne se passe, est de nous faire rentrer , comme une caméra, dans le ressenti de chaque personnage. Si Yuna occupe une place centrale, chacun des personnages de cette famille acquiert peu à peu une vérité palpable et on se prend à s’attacher à les comprendre. Aucun d’eux n’a demandé à se retrouver dans ce huis clos. Rien n’est vraiment formulé entre ces personnages qui se retrouvent et doivent cohabiter avant de se rendre, chaque jour, au chevet du père. Chacun essaye de trouver sa place dans la maison du père absent, en évitant la confrontation. Il y a peu de mots mais beaucoup de regards, de reproche, de surprises parfois, d’intérêt , de frôlements, d’ évitements. Tout est suggéré, senti et tu.
Quelle sera, après la guérison du père, la place de chacun ? Où sera la place de Yuna ? Devra -t-elle choisir entre ses deux cultures ?
Les images de Miwako Van Weyenberg dont Soft leaves est le premier long métrage sont belles et simples. Sa narration très lente et sensible convient parfaitement à – on pourrait presque le dire- « l’étude » de l’évolution des liens familiaux au sein d’une famille brisée. Les acteurs sont très justes.
France Soubeyran