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SŒURS

Yamina Benguigui

Isabelle Adjani, Rachida Brakni, Maïwenn, Hafsia Herzi, Fatouma Bouamari...

100 min.
30 juin 2021
SŒURS

Pour son titre « Sœurs », la réalisatrice Yamina Benguigui explique qu’"Il s’agit de trois femmes qui ont tracé chacune leur chemin mais que le passé convoque en tant que sœurs pour affronter un drame qui ne peut se résoudre qu’en famille….. Sœurs c’est aussi le lien de fraternité entre toutes les femmes…"
Ce passé, c’est l’Algérie qui apparait peu à peu au fil du film jusqu’à devenir omniprésente et réelle. Le présent, c’est la France, où vit la famille de Leila (Fatouma Bouamari), la mère, ses trois filles, Zorah (Isabelle Adjani), Norah (Maïwenn) , Djamila (Rachida Brakni) et Farah (Hafsia Herzi), la fille de Zorah .
Le passé ressurgit avec douleur quand Norah revient vivre chez sa mère et quand Zorah qui est dramaturge annonce qu’elle va mettre en scène une pièce racontant l’histoire familiale autour de la figure si dure et violente du père, Ahmed, qui avait kidnappé leur jeune frère, Reda lorsqu’il avait 3 ans après le divorce demandé par la mère.
Et ensuite le film oscille entre présent et passé, évoqué sous forme de flashbacks tirés de la mémoire de Norah et de scènes de la pièce qui rejouent les grandes étapes de leur histoire. Quant au présent, il s’accélère en quelque sorte quand la mère apprenant que le père est hospitalisé à Alger, exige que les trois sœurs partent à sa recherche en Algérie pour savoir où se trouve son fils.
Or l’Algérie où elles débarquent ne les accueille pas en tant qu’algériennes : la scène avec la cousine est symptomatique à ce propos.
« Sœurs » analyse toute une série de thèmes liés à la question de l’identité entre terre d’origine et terre d’adoption, au statut particulier des enfants d’émigrés nés français mais qui se sentent perpétuellement entre deux terres, la France, et le territoire des origines, l’Algérie, à la place des femmes dans la société algérienne et la société française, leur impuissance face au rapt de leurs enfants du fait des failles entre les législations française et algérienne,
La construction du film est parfois difficile à suivre comme si la réalisatrice voulait traiter trop de thèmes à la fois.
Mais il y a une vérité dans ce film : celle de la réalisatrice et des actrices qui, toutes, ont vécu ce déracinement, cette quête de racines et de reconnaissance, différemment selon leur génération. Malgré la lourdeur du scénario, on suit avec beaucoup d’émotion le destin de ces femmes, fortes, déchirées, des femmes qui ont dû lutter et qui ont pris leur destin en main.
L’interprétation des femmes de ce film, chacune jouant une voix différente, est remarquable et fait naitre, au-delà des complications du scénario, une vraie émotion, une compréhension de situations douloureuses de familles partagées entre deux nations.

(France Soubeyran)