Pour un samedi soir
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SHERLOCK HOLMES - A GAME OF SHADOWS

Guy Ritchie (USA 2011)

Noomi Rapace, Géraldine James, Robert Downey Jr, Jude Law, Jared Harris

129 min.
28 décembre 2011
SHERLOCK HOLMES - A GAME OF SHADOWS

Le toupet peut-il remplacer le talent ?

Non mais il peut faire oublier que le réalisateur manque du second.

Comme si son audace à empoigner un des couples les plus célèbres de sa Majesté Britannique – le duo Holmes/Watson - pour en faire un fond de commerce rythmé, spectaculaire, burlesque compensait le peu d’originalité de l’intrigue, les grosses ficelles qui la mécanisent et la balourdise des dialogues.

Ceux qui demandent avant tout au 7ème art d’être divertissant et mené tambour battant trouveront que "Sherlock Holmes II" tient les promesses du "Sherlock Holmes I".

Ceux qui aiment que le cinéma soit source de renouvellement et de panache trouveront ce film intérêt et sans surprise.

Le regard (influencé par un lustre de vie commune avec Madonna ?) toujours aussi désespérément inconsistant sur les personnages féminins, la prise de risque nulle puisque tout est calibré, formaté pour plaire aux spectateurs venus chercher leur dose de plaisir à comptes faciles, l’interprétation hâbleuse de Robert Downey Jr [loin de l’élégance de Basil Rathbone ou du charme british de Rupert Everett (*)] et guindée de Jude Law ne donnent même pas envie de se demander si la vision du cinéaste sur le plus célèbre résident de Baker Street est fidèle ou sacrilège aux héros créés par Conan Doyle.

Nous ne sommes pas ici dans la démarche de donner une réalité narquoise à un mythe littéraire qui animait le "The private life of Sherlock Holmes" de Bllly Wilder ou d’inscrire les tourments holmesiens dans une addiction à la cocaïne de "The seven-per-cent-solution" d’Herbert Ross mais dans une volonté de simplement faire un film d’action.

Un film trépidant dans lequel les personnages sont avant tout des prétextes à gesticulations, à scènes de combats et nombreux déplacements en Europe.

On attendait beaucoup de l’entrée en lice du professeur Moriarty - on avait espéré Daniel Day-Lewis dans le rôle, on se contentera de Jared Harris (**) - ce qui explique sans doute que l’ on ressorte sur sa faim.

Se demandant si la Société Sherlock Holmes de France a raison de faire la promotion du film ou si ce soutien n’est qu’un coup de pouce à visée uniquement publicitaire ?

Pour estimer la légitimité désintéressée de ce « parrainage » il reste à (re)lire la nouvelle « Le problème final » (editée chez Librio 2€) dont s’est inspiré (librement ou fidèlement ?) ce « fast-food-movie » de Guy Ritchie (mca)

(*) dans respectivement la série des "Sherlock Holmes" de la fin des années 1940 de Roy William Neill et " La revanche de Sherlock Holmes" téléfilm de Simon Cellan Jones

(**) le directeur financier, Lane Pryce, dans la série télévisée « Mad men »