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POM, LE POULAIN

Olivier Ringer (France/Belgique 2006 - distributeur : Belga Films)

Richard Bohringer, Morgan Marinne

85 min.
19 juillet 2006
POM, LE POULAIN

Le cheval est dit-on la plus noble conquête de l’homme. Mais est-ce que l’inverse est vrai ?
Si ce quadrupède a été respecté dans les westerns notamment ceux de John Ford, il a souvent été, cinématographiquement, exploité pour sa plastique. Raison pour laquelle l’anglo-arabe, plus que le percheron, sert si souvent de modèle-étalon au casting chevalin.

Destiné à mettre en valeur un parcours initiatique (« The Horse Whisperer » de Robert Redford) une histoire valeureuse (Seabiscuit » de Gary Ross) ou une amitié (« Flicka mon Amie » de Harold Schuster), le cheval est rarement regardé pour ce qu’il est : un animal qui, domestiqué, rend à l’homme d’insignes services.

Ce n’est pas la moindre qualité du film de Ringer de rappeler l’utilité de ces chevaux de chez nous, appelés les « ardennais » dont l’aide au débardage dans des coins difficilement accessibles des forêts vaut tous les 4/4 ou tracteurs du monde.

Même si « Le Poulain » pêche par une histoire un peu trop formatée « Bibliothèque Rose » - Pom, en attendant de retrouver sa mère dont la vente a été injustement décidée par son propriétaire, est protégé et biberonné par un palefrenier au cœur compatissant (1) - il s’inscrit avec naturel et bonheur dans un genre aux codes, qui s’ils ne sont pas tenus serrés, dégénèrent vite en sucrerie indigeste : le genre familial.

Par maints aspects, Pom est plus authentique que sa lointaine cousine humaine l’Amélie de Jean-Pierre Jeunet. Sa souffrance est traitée sans débordement émotionnel et fait contraste avec celle de Patrick, le fils du propriétaire, qui parce qu’il ne sait pas mettre en mots le chagrin causé par la mort de sa mère, accumule une telle dose de colère qu’elle lui donne à la fois la rage et la méchanceté.

Pom et sa mère deviendront pour Patrick des objets transitionnels, ceux que le psychanalyste anglais Winnicott dignifiait pour leur capacité à faire exprimer et à soigner une souffrance affective.

Le film dispose de deux atouts majeurs : la beauté du Sud de la Wallonie (notamment son grandiose site dit « le tombeau du géant ») montrée sans faire-valoir touristique exagéré et l’humanité d’un Richard Bohringer qui rappelle qu’il n’a rien perdu de son talent à émouvoir et à chatouiller la fibre de tendresse qui se cache en beaucoup d’entre nous (il est ici aussi magnifique que dans le film de Jean-Loup Hubert « Le Grand Chemin »)

Bel hommage est aussi rendu à ces chevaux de trait que Georges Orwell dans son « Animal Farm » considère comme les symboles du courage (« I’ll work harder ») et de la puissance physique. (m.c.a)

(*) dont la lignée avec le Fernandel chargé d’accompagner un vieux cheval à l’abattoir dans « Heureux qui comme Ulysse » d’Henri Colpi est évidente.