Juan José Ballesta, Luis Angel Priega, Gorka Moreno
Voilà un film qui nous parle d’une qualité devenue rare de nos jours : le courage.
Non pas celui des héros des champs de bataille ou de ceux qui sont confrontés à une difficulté passagère. Mais du courage au quotidien dont doivent faire preuve de jeunes adolescents frappés d’un ostéosarcome s’ils veulent assumer cette forme pernicieuse de cancer des os qui souvent les prive de leur mobilité.
Tous les ingrédients semblent mis en place pour un mélodrame coincé entre sensiblerie et apitoiement.
Et c’est là que la surprise opère son effet : les jeunes cancéreux plutôt que de se laisser submerger par l’angoisse et le désespoir choisissent de mettre en place une structure de vie qui leur permettra, sinon de vaincre leur maladie, du moins d’affronter celle-ci avec le dynamisme, les rêves, et la rébellion de leur âge.
Le metteur en scène oscille, avec un délicat équilibre, entre une caméra tantôt précise comme un documentaire (on pense à ceux de Carole Roussopoulos sur le milieu hospitalier) tantôt impertinente comme certaines des séquences du « M.A.S.H. » d’Altman.
Cette histoire, basée sur la réalité vécue par Albert Espinosa le scénariste, est traitée avec une joyeuse et tonique honnêteté qui vous fait passer des larmes aux rires.
Ces jeunes gens, dont certains ne sont qu’en court sursis de vie, font penser à ces autres condamnés qu’étaient les forçats qui, tout au long de la marche qui les menait de Rennes à Marseille, au lieu de s’avouer brisés, résistaient au macabre de leur situation par le rire. (*)
Ce rire qui transforme la réalité la plus sombre en une opportunité de triompher de la dégradation physique est un puissant rappel que la vie peut se décliner, aussi dramatiques que soient les circonstances, avec dignité et humour distancié. (m.c.a)
(*) « La chaîne des forçats » de Sylvain Rappaport – éd. Aubier