Pour un samedi soir
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PAR SUITE D’UN ARRÊT DE TRAVAIL

Frédéric Andrei (France 2008 - distributeur : Les Films de l'Elysée)

Charles Berling, Patrick Timsit, Dominique Blanc

86 min.
23 juillet 2008
PAR SUITE D'UN ARRÊT DE TRAVAIL

Clichés clichés … quand ils mènent un film par le bout du nez, ils en signent l’inconsistance. Alors même que le fil qui le trame est intéressant : quelle est, de nos jours, la valeur de la notion de travail ? (*)

Marc et Vincent. L’un est cadre, arriviste, bosseur et égoïste, l’autre marginal et gonflé de philosophie à deux balles. Celle qui enfile les critiques sur les maux de l’époque (mondialisation, chômage, restructurations sauvages) sans que la réflexion ne dépasse les brèves (comique en moins) de comptoir.

Ils se rencontrent, un jour de grève générale à Paris, celle du printemps 2006 d’après les images tirées des actualités de l’époque et décident de faire Mercédès (merci le sponsoring) commune. Jusqu’à Rome.

Où tous les chemins ne se contentent pas de mener suivant l’aphorisme (un de plus ne rend que la besace des lieux communs un peu plus indigeste) bien connu mais vont permettre aux voyageurs, claquemurés dans leur cohabitation forcée, de dévider le tiroir sans fond des poncifs de l’époque tiraillée entre jouissance et rentabilité.

Sur arrière fond vaguement écœurant de politique sociale - le quotidien « Libération » (**) parle de poujadisme - qui oppose les travailleurs aux glandeurs, la droite à la gauche, les hédonistes aux acharnés de la réussite professionnelle.

Ni tout à fait road movie (même s’il parle de voyage), ni buddy movie (même si le film fonctionne sur un duo fonctionnant plutôt bien de tempéraments et physiques opposés), « Par suite… » est une sorte de reportage (***) sur une rencontre fortuite entre deux activistes de la modernité dont les modes de vie divergent. Michel Onfray versus Laurence Parisot.

Ce qui manque à cette rencontre pour être moins didactique et sur-écrite c’est une certaine humanité. Même si, au fil des kilomètres, on découvre les blessures et amertumes des compères, on n’arrive pas à les trouver sympathiques ou antipathiques.

Tout au plus on a parfois une envie brève de rire de l’un pour son l’arrogance de ses certitudes et de gifler l’autre pour son imperturbable zen-attitude.

La plupart du temps, ils nous restent indifférents. On les écoute, on les suit mais jamais on ne les accompagne.

Un moment de grâce quand même : la séquence au cours de laquelle Dominique Blanc apporte au film autre chose que l’amertume d’un clivage annoncé entre des options sociales irréconciliables.

Si « Par suite d’un arrêt de travail », vous ne trouvez aucun transport en commun pour vous rendre au cinéma, ne le regrettez pas. Le film est trop dans l’air tiédasse du temps - thèse, antithèse sans synthèse - pour ne pas rapidement faire l’objet d’une diffusion prime time sur l’une des chaînes françaises relookées par Nicolas Sarkozy. (m.c.a)

(*) Question magistralement traitée par Laurent Cantet dans "Ressources humaines" ou dans les très beaux documentaires de Louis Malle "Humain, trop humain" et de Christian Rouaud "Les Lip, l’imagination au pouvoir". 
(**) Du mercredi 2 juillet 2008
(***) Après avoir été, dans « Diva » de Jean-Pierre Beinex, un jeune premier, Frédéric Andréi a longtemps travaillé pour des émissions télévisées centrées sur l’actualité et le réel « Envoyé spécial », « Faut pas rêver ».