PALINDROMES

Todd Solondz est un cinéaste peu ordinaire.

Au fil de ses films (dont Flagey présente en cette fin d’année une rétrospective quasi complète) il dissèque les tabous et les hypocrisies d’une société américaine rivée à ses névroses .

« Palindromes » est l’histoire d’une jeune fille de 12 ans qui rêve de devenir mère.
Lorsqu’elle tombe enceinte, pour échapper à ses parents qui souhaitent la faire avorter, elle se sauve et trouve refuge auprès de la famille « Sunshine », métaphore de la société US tiraillée entre simplicité et générosité d’une part et sectarisme violent d’autre part.

« Palindromes » est aussi un mot français qui définit ce qui peut se lire de gauche à droite ou de droite à gauche - motif lexical au choix du prénom de l’héroïne : Aviva .

Ce choix ne doit rien au hasard. Il inclut la philosophie solondzienne selon laquelle le monde, quels quel que soient les apparences (le personnage d’Aviva est interprété par 8 acteurs ) la couleur de peau, l’âge, la religion ou le sexe, tourne sur lui-même et forclôt tout libre arbitre.

« Palindromes » est un film pessimiste qui aborde frontalement un des grands interdits de l’Amérique puritaine de Bush : l’avortement.

Le ton est celui d’un réquisitoire grinçant, à l’humour noir et parfois choquant (le fœtus est comparé à une tumeur qu’il suffit d’enlever) et pourtant ce ton paraît à l’aune de ce qu’il tend à réveiller : la conscience du citoyen lambda bien affadie en ce début de XXIe siècle par les conformismes et compromis aussi bien sociaux que moraux.

Cette année le cinéma américain à travers deux autres filmeurs (Zach Braff dans « Garden State » et « Tarnation » de Jonathan Caouette) nous a proposé une autre approche de l’intimité des personnages. Une approche plus buissonnière et intellectuelle .

Doit-on y voir le dégagement d’un nouveau style ou la simple expression de tempéraments originaux comme il en a existé de tout temps ? (m.c.a)