Sami Bouajila, Denis Podalydès, Maurice Bénichou, Salomé Stévenin, Nozha Khouadra, Ludovic Berthillot, Eric Naggar
Il s’appelle Omar Raddad, il est jardinier et depuis le 24 juin 1991, il clame son innocence. Non, il n’a pas tué Ghislaine Marchal, sa patronne auquel il était très attaché, il ne lui aurait jamais fait de mal. Mais ce jardinier marocain, homme simple qui ne sait ni lire ni écrire est le coupable idéal donc accusé d’emblée du meurtre de Ghislaine Marchal, veuve d’un industriel, retrouvée assassinée dans sa villa de Mougins, La Chamade .
On a retrouvé sur la porte "Omar m’a tuer" une telle faute d’orthographe intrigue ! écrite sans doute sous l’emprise du stress.
La victime était une femme colérique mais qui s’est toujours montrée généreuse avec Omar et sa famille.
Des questions se posent : pourquoi avoir voulu étouffer l’affaire ? Pourquoi l’avoir incinérée alors qu’elle avait acheté une concession ? Les voisins sont formels, ils ne croient pas en la culpabilité du jardinier. Accusé pourtant vite fait par les gendarmes, alors que les preuves ne concordent pas.
C’est Maître Vergès qui va défendre Omar, cet homme complètement abasourdi, qui ne comprend rien à ce qu’on lui reproche pendant l’interrogatoire, qui se sent complètement impuissant.
C’est certainement un crime délibéré, commis par quelqu’un de bien informé, un travail d’assassin pas de jardinier .
Parallèlement au procès, un journaliste (Denis Podalydes) persuadé de l’innocence d’Omar, va débusquer les incohérence, les zones d’ombre, les témoins cachés. Sorte de fouille-merde, il va remuer ciel et terre à la recherche de la vérité. Il retourne à Mougins et analyse l’ inscription « Omar m’a tuer » en se demandant comment, égorgée, cette femme a pu l’écrire dans le noir et ensuite se barricader. Son livre a permis de relancer l’affaire.
Gracié par Chirac, Omar a vu sa peine réduite de 18 ans à 7 ans mais reste coupable aux yeux de la justice, bien que des tests d’ADN ont prouvé son innocence. Aujourd’hui, c’est un homme meurtri , brisé, au regard terriblement triste qui ne peut plus exercer son métier et qui attend un second procès.
Roschdy Zem signe son second film, de facture classique, avec une maîtrise incroyable. En complète empathie avec Omar Raddah, le réalisateur cherche la vérité, même si le doute existe.
Il pensait jouer le rôle mais a préféré choisir Samir Bouajila. Un choix magnifique puisqu’il incarne en tous points le personnage et accomplit une vraie performance. Même physique terriblement amaigri, le visage creusé, Bouajila a appris l’arabe marocain et parle dans un français approximatif. Sa voix, son visage, ses expressions, tout montre à quel point cet homme souffre, l’acteur est en parfaite osmose avec le personnage dont il a su incarner la complexité.
Procès à charge contre les erreurs judiciaires, ce film n’a pas seulement un côté polémique mais surtout il est profondément humain. (Anne Goreux)