Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgård, Stacy Martin, Uma Thurman, Shia LaBeouf, Christian Slater,...
Un écran
noir. La pluie tombe. Presque deux minutes s’écoulent, avant que l’on ne découvre
le corps ensanglanté de Joe (Charlotte Gainsbourg) dans une petite ruelle, dans
un cadre serré, sur la musique enivrante de Rammstein (Fuhre Mich). Lars von Trier réalise ainsi une entrée fracassante nous coupant le souffle. C’est sur ce même morceau qu’il bouclera d’ailleurs
le premier volet de son diptyque*.
C’est le
vieux et bienveillant Seligman (Stellan Skarsgård) qui découvre Joe et la
ramène chez lui pour en prendre soin. Durant huit chapitres successifs (dont
les cinq premiers chapitres constituent le premier volet), cette dernière lui
racontera sa vie en tant que nymphomane cherchant à lui démontrer en quoi elle est
une mauvaise personne. Commençant par ses expériences en tant que jeune enfant, puis passant par ses découvertes en tant qu’ado, Joe nous fait rentrer dans
son univers. Son récit est entrecoupé par les questions de Seligman, mais aussi
par ses parallélismes avec la philosophie, la pêche à la mouche, la religion et
la musique, le rendant ainsi tour à tour drôle, dramatique et philosophique.
Cette troisième
collaboration entre Charlotte Gainsbourg et Lars von Trier se clôture encore
une fois par un succès**. Charlotte Gainsbourg et Stellan Skarsgård sont
remarquables, mais on se doit également de mentionner l’apparition d’Uma
Thurman qui, en tant que femme trompée, nous offre une scène incroyable et
inoubliable. Et il y a aussi évidemment la jeune Stacy Martin (interprétant Joe
jeune), qui, du haut de ses vingt-deux ans à peine, signe avec Nymph()maniac son premier rôle et
apparaît telle une véritable révélation. Si les prudes et puritains risquent de
s’insurger face aux scènes pornographiques et à la provocation habituelle de
von Trier, Nymph()maniac est d’une beauté
visuelle déconcertante. Oscillant entre dogme et cadre léché, entre lyrisme et dureté,
entre noir et blanc et couleurs vives, Lars von Trier fait encore une fois preuve
d’ingéniosité et d’une créativité surprenantes. Bach, Wagner, Rammstein et Jimi
Hendrix accompagnent le tout et rendent Nymph()maniac d’autant plus puissant.
Provocateur
et choquant comme toujours, le dernier von Trier suscite de vives réactions… Cependant,
le battage médiatique autour du film et la campagne marketing plus que suggestive - pour ne pas dire lubrique- ont su créer des envies et des expectations qui,
pour notre part, ont été totalement comblées.
( Astrid De Munter)
* Cette
entrée et fin sur ce même morceau de Rammstein paraissent telles les antithèses
du prologue et de l’épilogue d’Antichrist,
que Lars von Trier filma sur Lascia ch’io
pianga de Händel.
** En 2009,
Charlotte Gainsbourg avait remporté le Prix d’interprétation féminine au
Festival de Cannes pour son rôle dans Antichrist .
En 2011, elle joua également aux côtés de Kirsten Dunst dans Melancholia, pour lequel cette dernière
remporta à son tour le Prix d’interprétation féminine au festival de Cannes.