Cate Blanchett, Judi Dench, Bill Nighy
La beauté et le talent ne font pas toujours la paire. Mais quand ils la font, quel régal.
Cate Blanchett, professeur d’art, tombe amoureuse d’un de ses élèves. Témoin de cette relation, Judi Dench sa collègue de lycée, l’oblige à devenir son amie sous peine de révéler cette aventure urbi et orbi.
Tout est passionnant dans ce film. La mise en scène, fine et complexe, de Richard Eyre (auquel on doit le très bouleversant « Iris ») donne au film une malignité qui fait écho aux plus retors des Ruth Rendell.
La musique de Philip Glass, proche de celle qu’il avait composée pour « The hours » de Stephen Daldry colore « Notes » d’une fluidité dramatique arc-boutée sur le rapport étrange qui va s’installer entre les deux enseignantes - relation mixée de machiavélisme et de fragilité.
Le roman de Zoe Heller, adapté avec beaucoup de justesse par Patrick Marber, est respecté dans son enchevêtrement de deux points de vue sur la condition féminine, qui à la fois se rejoignent parce qu’ils cernent la même solitude et la même frustration (*) et à la fois s’opposent parce que ce qui se décline sur un mode névrotique pour l’une (prendre un amant) est vécu de façon perverse (la manipulation) par l’autre.
Cette guerre des dames est magistralement interprétée par Blanchett et Dench. Au désarroi et à la naïveté bourgeoise de la première répond l’aigreur et la folie teintée d’homosexualité de la seconde.
Dench a l’habitude d’être pour ses partenaires féminines une formidable alliée de jeu. Dans « Mrs.Henderson presents » de Stephen Frears, elle forme un couple rafraîchissant avec Kelly Reilly, dans « Shakespeare in Love » elle accompagne fastueusement la délicate Gwyneth Paltrow, dans « Iris » elle leste son personnage, l’écrivaine Murdoch de la gravité douloureuse initiée par Kate Winslet qui incarne l’auteur en ses jeunes années.
Elle a ce que possède les plus grands acteurs : la capacité de laisser son partenaire remplir, à côté du sien, un espace scénique. Elle joue avec aisance de cette frontière étroite où tout en étant dans l’appropriation d’un rôle, elle permet à l’autre de s’autoriser, librement, un périmètre de jeu. Prémunie, vraisemblablement par la connaissance intime de son art, de cet égoïsme-à-jouer qui devient chez beaucoup un narcissisme auto suffisant.
Madame Blanchett est assurément belle. C’est une évidence, presqu’une tautologie. Madame Dench devient belle parce qu’elle a du talent. C’est une conséquence, presqu’une ipséité. (m.c.a)
(*) exemplairement décrites dans les romans de l’anglaise Anita Brookner