Judi Dench, Bob Hoskins, Kelly Reilly
Voilà un film réjouissant, porté avec une jubilatoire tonicité par 3 acteurs formidables. Mrs. Henderson est une anglaise veuve, riche et plus très jeune. Pour ne pas s’encroûter dans la vie qui l’attend (oisiveté et papotages mondains) elle décide d’acheter un théâtre à Soho, le Windmill, et d’y insuffler un esprit neuf et audacieux.
Son théâtre, en équilibre fragile avec les règles de la bienséance de l’époque (nous sommes en 1937), deviendra le « Moulin Rouge » londonien.
Elle confie les rênes de son royaume à Vivian Van Damm avec lequel elle va entretenir une relation faite de caprices, de jalousie, de coups de gueule mais aussi de respect et d’affection profonde.
Le propos du film n’est pas qu’un regard jeté sur une « old lady » espiègle et fantaisiste mais il épingle, sur un ton virevoltant et plein d’humour, les conventions sociales de l’époque : oui à la nudité sur scène à la condition qu’elle soit rigidifiée en sculptures vivantes.
Il souligne aussi le courage quasi organique des Anglais qui, au début de la guerre et alors que le blitz endeuillait Londres, se sont opposés à la fermeture du « Windmill » afin que les soldats puissent continuer à venir s’y distraire .
Mrs. Henderson prend alors un relief particulier ; elle devient une personnification du moto
de Churchilll qui, par son « never surrender » a fait du courage une vertu de résistance au quotidien à l’agresseur nazi.
L’histoire du « Windmill » avait déjà été cinématographiquement évoquée par Victor Saville dans son « Tonight and every night » en 1945 mais sans ce pep, cette énergie et surtout sans cette capacité d’extraire des acteurs le meilleur d’eux.
C’est d’ailleurs là la pierre angulaire du talent de Frears. Depuis son premier film « The hit » avec Tim Roth et John Hurt, il a le knack pour transformer son choix de comédiens en plébiscite sans appel. (m.c.a)