Chloë Sevigny, Elsa Pataky, Rhys Ifan, David Thewlis, Crispin Glover
S’il est vrai que « les emmerdes c’est le jogging du bonheur » - Claude Lelouch (*), alors Mr.Nice aurait dû s’appeler Mr. Happy.
Oxford, fin des années 1960 Howard Marks y est étudiant, pauvre et gallois. Quelques années plus tard, il en sort. Plus affirmé dans ses penchants pour les soirées psychédéliques et bordéliques que confirmé dans ses capacités de futur enseignant.
Sorte de Tintin voyageur non pas au pays des Soviets mais au pays des Mollahs, il devient rapidement un des plus grands trafiquants de cannabis entre le Pakistan et Londres.
Howard Mark a, sur son épaule gauche, plusieurs anges gardiens chargés de veiller à ce que ses aventures périlleuses ne tournent pas en embrouilles - du moins un temps puisque la fin de ses péripéties sera une geôle américaine et 25 ans de peine dont 7 seulement seront purgés.
Autour de lui, une femme, Chloé Sevigny en train de se spécialiser dans le rôle des épouses garde-fous (**) - un réseau social, 45 alias et surtout l’ heureuse disposition de savoir affronter les embûches avec charme et désinvolture.
De décontraction et de vivacité, Rhys Ifans (***) - qui incarne dans ce biopic autobiographique celui qui fut non seulement dealer mais aussi agent secret, producteur de musique et sorte de Lola Montes racontant sa vie dans un cabaret - n’en manque pas.
C’est là que le bât blesse, lorsque le spectateur comprend que cette loufoquerie permanente est en fait un miroir aux alouettes, un truc qui évite au cinéaste d’avoir un point de vue sur son personnage.
Pas d’ambiguïté, pas de complexité, juste une présentation sans relief d’Howard Marks comme s’il était une marionnette articulée par quelques fils tissés entre délire et fun.
Attachant, surprenant dans ses premières scènes, le film s’égare vite dans le bruyant, le redondant et le fatiguant.
Echappent à la déconfiture une inventive bande son due à Philip Glass et aux tubes de l’époque ainsi qu’une impertinente utilisation d’images d’archives qui rappellent qu’il y eut un temps où le Royaume des Windsor swinguait, rot-tait (Jimmy Rotten des Sex Pistols n’est pas loin) et contre-culturait à gogo.
Comme les girls qui, encagées, jerkaient avec pétulance. Ces girls présentées tantôt comme des épouses sans personnalité ou des filles d’un soir que l’on jette dans les piscines comme de stupides objets.
Car outre le fait d’adopter un discours très anecdotique et chewing gum sur la drogue, le film se démarque ce qui à nos yeux le solde par un regard ringard, presque d’un autre siècle sur un féminisme qui pourtant à l’époque brillait de 1000 feux - Mary Quant, Kate Millett, Angela Davis, Samantha Stevens (dans "Bewitched" en français "Ma sorcière bien-aimée") ….
Le toc de « Mr. Nice » est de vouloir être cool for ever, le hic c’est que ce toc épuise très vite le propos et le fait glisser dans une sorte de divertissement insignifiant.
Un amusement long , le film fait 2 heures !, qui fait vite … flop. (mca)
(*) in magazine « Première » d’avril 2011
(**) "Zodiac" de David Fincher et la série "Big love" de Mark V.Olsen et Will Scheffer
(***) déjà remarqué en DJ alcoolique d’une radio pirate dans l’excentrique et électrique "Good morning England" de Richard Curtis