Frances MdDormand, Tilda Swinton, Kara Hayward, Bill Murray, Jared Gilman, Bruce Willis, Edward Norton
Du sorbet, le dernier film de Wes Anderson qui avec Michel Gondry forme le plus sympathique duo de doux dingues du 7ème art, a la saveur. Rafraîchissante et colorée.
Mieux qu’un cinéaste à chefs d’œuvre, Wes Anderson est un artiste qui possède un Monde à lui. Rare délicieux et subtilement cohérent.
Un Monde qui décline, film après film, le portrait d’une Amérique aux antipodes des clichés habituels - violence, drogue, sexe, corruption, recherche éperdue de signifiance comme si la gratuité d’un récit (juste raconté pour le plaisir de le raconter) était indécente parce qu’improductive.
Son Amérique est faite d’altérité, de liens familiaux dont la gamme se chromatise entre égoïsme et affection, ironie et mélancolie, imprévu et destin.
Chez Duras, Lola V est ravie, chez Anderson c’est le spectateur qui est ravi par la souplesse de la mise en scène, le décalé de la narration, la beauté des plans, la percolarité des couleurs et l’inventivité d’une bande son dont chaque instrument, comme dans « Pierre et le loup » de Prokofieff personnalise allégremment les personnages de l’aventure.
Car aventure il y a dans « Moonrise … ». Aventures amoureuses, parentales, filiales soumises à la météo toujours variable des sentiments.
En 1965, sur une île de la Nouvelle Angleterre un jeune scout fugue de son camp d’été pour retrouver une adolescente du cru et vivre avec elle une robinsonnade farfelue et échevelée.
Joyeusement irréaliste, sensible par son regard et élégamment stylé (calibré ?) par sa forme, sans intention d’inscrire ses héros dans la moindre morale mais empreint de tendresse pour leurs contre performances, « Moonrise… » est un concentré de fantaisie, de liberté qui n’exclut pas la tristesse de ceux qui sont mal mariés. Qui ont perdu leurs parents et ont peur de se sentir condamnés à la solitude.
On a toujours une impression double (destructurée ?) en sortant d’un film de Wes Anderson - un sentiment d’immobilité et d’action. De redondance et de singularité. De classe et de saugrenu.
C’est dans ce jeu interactif, porté par une flottille de comédiens épatants que se niche le secret du royaume andersonien.
Kindgom qui brille, et pas seulement à « moonrise », des feux d’un imaginaire qui ne semblera vain qu’à ceux qui ont oublié que la poésie et l’humour sont les sels de la vie. (mca)