Guillaume Canet, Mélanie Laurent, Olivier Debenoist
Avec « Mon Garçon », Christian Carion change de registre cinématographique et nous offre un thriller intense et épuré. Comme son titre l’indique, le sujet est un enfant et, plus précisément, sa disparition lors d’un bivouac en montagne avec sa classe. Son père, incarné par Guillaume Canet, était fort absent, mais lorsque son ex-femme l’appelle au secours, il va se donner corps et âme à la recherche du petit. Tout à coup, il se rend compte qu’il est un père. D’ailleurs, reprenant la remarque d’un spectateur, Christian Carion admet qu’il s’agit avant tout de l’histoire d’un homme qui devient père, qui va enfin prendre la place qu’il n’occupait pas avant. Les épreuves terribles qu’il doit traverser vont le rendre adulte.
Ce qui est réellement étonnant dans ce film est le traitement du jeu d’acteur, notamment celui de Guillaume Canet, à qui Christian Carion a proposé de jouer son rôle en découvrant tout au fur et à mesure, sans pouvoir lire le scénario. Guillaume Canet était très excité à l’idée de vivre une telle expérience, de prendre le risque de ne pas savoir vers quoi il allait. L’idée était de tout tourner en temps réel ou presque, de tout miser sur l’instant. Le choix de Guillaume Canet, que le réalisateur connaît bien, reposait sur sa façon physique de jouer, très angoissée aussi, avec une part de violence latente. De fait, l’acteur est très convaincant et nous garde en halène tout au long de sa quête effrénée vers l’inconnu.
Pour Guillaume Canet, il s’agit là de sa plus belle expérience en tant qu’acteur à ce jour. Sans aucune préparation, ni apprentissage de texte, il était lâché dans une sorte de jeu de rôle, où il n’était pas en train de jouer, mais en train de vivre la situation. L’acteur admet que c’était parfois très angoissant pour lui de ne pas savoir ce qui allait se passer et c’est ce qui rend son jeu parfaitement crédible. Le spectateur ressent qu’il est paumé et submergé par un sentiment de culpabilité qui va le rendre parano. Emporté par cet élan de folie, il fait des choses irrationnelles.
Pendant le tournage, le fait d’avoir une équipe qui savait où il fallait aller et d’y introduire le personnage principal qu’il fallait mener d’un point à l’autre, a donné lieu a quelques belles surprises dues à l’improvisation. Outre ce choix d’avoir des réactions réelles de la part du personnage principal, cela a permis d’aller à l’essentiel, comme dans la vraie vie, où l’on ne fait pas des dialogues qui donnent des explications. Cela amène un degré de justesse au film.
Dans les somptueux décors naturels des chaînes de montagnes enneigées, qui abritent une certaine hostilité, Christian Carion a su jouer avec les codes du film de genre, de générer du suspense et c’est un plaisir de voir qu’il s’est fait plaisir en se donnant cette liberté.
Luz