Ra Mi-Ran, Lee Sung-Kyung, Yoon Sang-Hyun
Voilà une comédie policière coréenne très spéciale.
La toile de fond est le bureau d’un commissariat à Séoul composé en majorité d’hommes censés être dans l’action et de quelques femmes désœuvrées reléguées au bureau des plaintes : une ancienne inspectrice légendaire, Mi-yeong (Ra Mi-ran), qui, après avoir accouché, a été mise au « placard ». La rejoint, comme responsable du bureau des plaintes, sa belle-sœur Ji-Hye (Lee Sung – kvung ), jeune policière intrépide, elle aussi mise à l’écart, comme semble-t-il beaucoup d’autres femmes dans les services de la police coréenne.
L’histoire commence quand une jeune femme vient signaler qu’elle a été droguée, violée, filmée par une « Spycam » et menacée de la diffusion des images de son viol sur internet. Les collègues masculins de Ji-hye qui ne se soucient guère des victimes de cette pornographie ne bougent pas. En revanche, le duo féminin, rejoint par une pro de l’informatique décide de mener une enquête.
Il y a dans ce film plusieurs niveaux de lecture :
A première vue, un superbe film d’action mené tambour battant, alternant scènes de bagarres rythmées comme des danses modernes et de courses poursuites trépidantes en voiture dans Séoul,
En fait, il s’agit aussi et surtout d’un tableau de la réalité coréenne dénonçant la discrimination fondée sur le sexe sur le lieu du travail et le harcèlement sexuel dont sont victimes des milliers de femme, appelé « molka » : des gangs cachent des cameras espions dans différents lieux, surtout des boites de nuit, et diffusent les images sur internet, provoquant de nombreux suicides chez les victimes et créant ainsi une sorte de paranoïa chez les femmes coréennes. On pense au scandale de la discothèque « Burning Sun » qui a secoué en 2018 l’industrie du divertissement coréen mettant en cause plusieurs célébrités à Séoul dans les plus hautes sphères de l’industrie cinématographique et ses implications dans le milieu politique. Suite à une manifestation qui rassembla plus de 20 000 femmes, le gouvernement coréen a débloqué d’énormes sommes pour lutter contre le phénomène, et a engagé la vérification de près de 50 000 toilettes publiques.
Les actrices sont très crédibles dans leur rôle de « superfemme flic ».
Miss et Mrs. Cops est un film à voir pour ce duo féminin de choc, parti en croisade contre les discriminations fondées sur le sexe.
(France Soubeyran)