George Clooney, Tilda Swinton, Tom Wilkinson, Sydney Pollack
Henri Salvador l’a chanté « Zorro est arrivé, sans se presser, le grand Zorro, le beau Zorro… »
George Clooney l’a incarné « Clayton est arrivé, sans se presser, l’esprit en éveil et l’âme en quête de rachat... ».
Michael Clayton travaille pour un cabinet d’avocat. Sa mission : étouffer, souvent en-dehors de toute légalité, les affaires qui pourraient devenir embarrassantes. Un jour, il soupçonne une multinationale agrochimique d’être responsable de l’empoisonnement de milliers de personnes.
Sur ce canevas, qui rappelle la célèbre affaire de la « Pacific Gas and Electricity Company », responsable de l’apparition de maladies mortelles, par le rejet de chrome, d’une usine de traitement des eaux, Clooney est aussi convaincant que Julia Roberts dans l’« Erin Brokovitch » de Steven Soderbergh. Celui-là même avec lequel « Mister Nespresso » s’est associé pour fonder la maison de production « Section Eight » (*)
Si ce film à la construction alambiquée évoque la façon dont un juriste à l’esprit confus et en escalier pourrait monter un dossier, ne réussit pas à captiver, il reste le jeu du quiz pour nourrir référentiellement les 115 minutes de la projection.
De quels films se nourrit « Michael … » ? Quels sont les acteurs qui ont été, à l’écran, des avocats et d’autres des « cleaners » ? Dans combien de films, a-t-on essayé de liquider le héros trop fouineur en sabotant son véhicule ? Pourquoi les chevaux et surtout leur encolure sont-ils choisis comme pause-douceur dans les quêtes visant à faire triompher la Justice ?
Y a-t-il beaucoup d’actrices qui ont mis autant d’énergie et d’intelligence à soutenir une captieuse position que Tilda Swinton, la femme de pouvoir et le joyau de ce film un peu trop convenu pour être un thriller et trop discursivement rabâché pour être un décapsuleur de conscience politique comme l’ont été, durant la décennie de l’ouverture à la responsabilité citoyenne (cad les années 1970), les films de Lumet (« Network »), Pollack (** « Three days of the condor ») ou d’Alan Pakula (« The paralax view »).
Tilda Swinton qu’on attend avec impatience, dans un rôle antithétique, celui de l’épouse d’un gardien de phare dans « The man from London » de Béla Tarr.
Quant à George Clooney, élégamment fripé et fatigué dans « Michael… » est-il concevable, sans se faire honnir par la totalité de la planète - du moins par la partie de celle-ci qui a la chance de pouvoir aller au cinéma - de se demander si son aisance à assumer les rôles de star mega bankable et de défenseur de justes causes, fait ou pas partie d’un business plan solidement planifié ? (m.c.a)
(*) dont le pressbook est autant de qualité que de variété : « Insomnia » de Christopher Nolan, « Syriana » de Stephen Gaghan, « Far from heaven » de Todd Haynes, sans oublier la suite numérique des « Océan’s »
(**) le même Pollack que celui qui joue, dans le présent film, un avocat véreux. Avec autant d’ardente implication que Gene Hackman dans "The firm" de...Sydney Pollack.