Drame historique
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MEMOIRS OF A GEISHA

Rob Marschall (USA 2005 - distributeur : Sony Pictures)

Zhang Ziyi, Michelle Yeoh, Gong Li, Ken Watanabe)

145 min.
1er mars 2006
MEMOIRS OF A GEISHA

Il était une fois en 1997 un livre « Memoirs of a geisha » d’Arthur Golden qui attire très vite l’attention d’Hollywood (Spike Jonze, Spielberg, Kimberley Peirce).

Finalement sa réalisation échoira au réalisateur du virevoltant « Chicago » Rob Marshal. On aurait pu croire que les qualités de chorégraphe de ce dernier allait insuffler au film une grâce et une légèreté qui enlèveraient aux clichés de l’histoire leur poids de convenu.

Il n’en est rien et finalement cela a peu d’importance. Car le charme du film ne réside pas dans l’enfilement des scènes exotiques plus proches d’une séance de « L’exploration du monde » que d’une réalisation de fiction, ni dans le clinquant d’une mise en scène qui donne l’impression de se déplacer dans des décors plastifiées et exagérément coloriés mais dans le régal de suivre 3 magnifiques actrices.

Très vite, on se surprend à se désintéresser de ce qui leur arrive pour mieux se concentrer sur la façon dont elles marchent, elles s’habillent, se maquillent et accomplissent les gestes du quotidien avec une sérénité gracieuse et efficace.

On oublie le prévisible de cette histoire d’une petite fille pauvre vendue par son père, soumise au dur apprentissage de la « maiko » (apprentie geisha), confrontée à la rivalité féroce d’une consœur pour finalement devenir célèbre et conquérir l’homme de son cœur.

Si l’exigence du spectateur glisse sur les clichés et les superficialités de cette success story et se concentre sur d’autres aspects de ce qui fait un film, par exemple, la mise en valeur des accessoires les plus minuscules (étoffes, épingles à cheveux, ombrelles, pinceaux à maquiller, éventails) « Memoirs » retrouve de l’intérêt et même de la beauté.

Un critique du Washington Post, Roger Ebert, a condamné ce film par une formule lapidaire dont il est coutumier « plus on connaît le Japon moins on l’aime ».

Si « Memoirs » manque de quelque chose, ce n’est pas à mes yeux, de respect à des traditions mais d’âme, cette âme des images en laquelle Abel Gance voyait la quintessence de son art.

Cette âme de geisha amoureuse, si elle vous intéresse, ré-écoutez Puccini et son Madame Butterfly. Vous y puiserez l’émotion qui fait défaut au film de Marshall. (m.c.a)