Film belge
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Coup de coeurMATERNELLE

Philippe Blasband (Belgique 2010)

Aylin Yay, Annie Girouard, Chloë Struvay, Didier De Neck

81 min.
15 septembre 2010
MATERNELLE

Il y a quelque chose d’intrigant dans les films de Blasband. Un mélange de tristesse, de maladresse, de ringardise et d’honnêteté due à tout refus de pose scénograpique qui donnent à ses récits ce quelque chose qui s’appelle la singularité. Qui permet de reconnaître l’auteur avec la même certitude que celle de l’abeille butinant son rosier favori.

Particularité, qui pour ce quatrième long métrage du réalisateur, s’installe dès le titre. Ce « Maternelle » auquel une absence d’article, défini ou indéfini, confère un mystère.

De quelle type de maternelle s’agit-il ? D’une école - l’héroïne est directrice d’un établissement pour les tout petits ?

D’une relation entre une mère et sa fille ? D’une disposition d’esprit - encore enfantin et immature ?

Ou encore d’une injonction à manifester les sentiments de tendresse après lesquels a couru toute sa vie Viviane une quadragénaire qui aura la surprise, après le décès de sa mère, de la voir renaître en fantôme.

Fantôme dont la matérialisation, même si elle rappelle, celles romantique de Patrick Swayze dans « Ghost » ou sage de Rex Harrison dans « The ghost and Mrs. Muir » (*) est plutôt une sorte de projection de l’esprit (**) permettant à Viviane de se questionner, de réfléchir aux relations qu’elle entretient avec ses élèves, son amant immature et sa fille Zoë. De prendre conscience qu’il y a moyen, par les mots, d’éviter que ne se transmette dans une famille une répétition d’erreurs et de malentendus.

Il y a dans le regard de Philippe Blasband sur ses personnages féminins une étonnante empathie. Comme s’il connaissant de l’intérieur la difficulté du rapport mère-fille, toujours un « ravage » selon l’expression de Marie-Magdleine Lessana (***).

Son cinéma, peu importe la casquette qu’il y déploie : scénariste (« Thomas est amoureux », « Irina Palm ») ou réalisateur (« La couleurs des mots »), privilégie un thème : la recherche d’une meilleure communication (***) et s’adosse à un style : sensible, juste, volontairement éloigné de la moindre coquetterie visuelle.

Chacun de ses films a une couleur qui le nimbe et lui donne sa profondeur. Rouge dans « Coquelicots », grise pour « Un honnête commerçant », verte dans « Maternelle ». De ce vert un peu délavé, qui comme chez Degouve de Nuncques, cerne le sujet d’un atmosphère fantastique.

Même si la mise en scène n’est pas toujours aboutie, que l’interprétation, malgré la présence de Aylin Yay et Anne Girouard, manque de conviction, et que la finesse chausse parfois des sabots « Maternelle » parce qu’il aborde une des questions les plus lancinantes du rapport parent/enfant : celle de l’absence (et de son corollaire le manque) et du comment fait-on pour continuer à (sur)vivre mérite notre attention.

Sa sortie à Flagey est à la fois un honneur - annexe de Cinematek, ce cinéma se doit de satisfaire à des critères d’exigence mais aussi un piège.

Puisqu’il restreint sa visibilité à un public qui ne se compte pas, comme dans les grands complexes cinématographqiues plus soucieux de commerce que d’Art, en dizaines de milliers de spectateurs.

Restera alors à attendre, pour ceux qui ne l’auront pas vu lors de la rétrospective de ces mois de septembre/octobre consacrée au réalisateur, à attendre sa sortie en DVD.

Qui sera, espérons-le, bonifié des très intéressants entretiens accordés par le cinéaste à Cinergie sur le site www.cinergie.be  (mca)

(*) respectivement de Jerry Zucker et Joseph L. Mankiewicz
(**) comme celle de Woody Allen dans un des segments de « New York stories »,
(***) paru aux Editions Pluriel

(****) il est vraisemblable que la dyphasie, ce trouble neurologique du langage dont est atteint le fils du metteur en scène l’a rendu particulièrement attentif aux problèmes relationnels.