Comédie sociale
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MAGIC MIKE

Steven Soderbergh

Channing Tatum, Alex Pettyfer, Matthew McConaughey, Cody Horn, Olivia Munn, ...

110 min.
15 août 2012
MAGIC MIKE

Film où l’on n’attendait pas forcément le réalisateur Steven Soderbergh, Magic Mike sort sur nos écrans pour pimenter la fin de l’été. Connu pour ses multiples productions souvent inégales, il livre un film où il s’amuse clairement à explorer les atouts esthétiques du milieu et à transgresser les conventions (avec un strip-teaseur en guise de héro, transformé en objet de désir pour la plupart des femmes à l’écran (et pour une bonne partie des spectatrices de la salle)). Quand on sait que Steven Soderbergh souhaitait prendre un peu de distance avec le cinéma, l’année 2012 semble très fournie (et surprenante) pour le réalisateur qui frappe souvent là où on l’attend le moins. Au final, c’est une belle surprise de l’été qui assume bien son côté superficiel (l’image est volontairement jaunie pour coller avec la légerété estivale), et de ce fait, va un pas plus loin.

 

L’intrigue suit Mike, 30 ans, strip-teaseur le soir dans un club de Floride, se rêvant entrepreneur le jour. C’est grâce à lui que Adam, surnommé Le Kid, aveuglé par le milieu, fera son entrée dans le club, au grand damn de sa soeur (c’est un peu facile comme début de roucoule amoureuse, mais on joue le jeu). Manquant de distance, Mike s’enlise dans un environnement où il perd ses repères, entouré des mauvaises personnes (dont Matthew McConaughey que l’on verra avec un certain plaisir se vautrer avec cynisme et vulgarité sur scène pour un numéro mémorable). Les "chorégraphies" (si on peut se permettre) se plaisent à vendre de l’assurance et du rêve, tout en effleurant le mauvais goût avec humour.

 

Mike incarne l’Amérique actuelle, enlisée jusqu’au coup dans des projets douteux, très éloignés du rêve américain. L’occasion d’offrir une relecture des perspectives futures étouffées de la jeunesse américaine. Et peut-être, l’occasion de relever la tête pour une prise de conscience progressive.

 

Channing Tatum, qui surprend par un charisme grandissant (démentant les premières impressions qui sous-estimaient son potentiel et croyaient le voir disparaître des écrans très rapidement), trouve un rôle parfait pour exposer ses atouts physiques sous toutes leurs coutures. Fruit d’une collaboration qui semble se confirmer au fil des films, l’acteur et son réalisateur se sont inspirés de l’expérience du premier pour établir la colonne vertébrale du film.

 

Magic Mike , c’est Coyote Girls* au masculin en plus subtil (en plus déshabillé aussi), une sucrerie indépendante décalée à voir pour allumer une soirée, un petit plaisir estival sans grandes conséquences, mais avec plus de consistance qu’il n’y paraît. Un pari original, séduisant, et au final, étonnant.

 

(Ariane Jauniaux)

 

* de David McNally, 2000