LES HOMMES LIBRES

Un homme libre peut-il être un homme engagé ?

S’il est vrai que toute occasion de réfléchir sur la mémoire et la façon de la transmettre est bonne à prendre, il est vrai aussi qu’il est dommage que la revisitation d’un passé déformé ou ignoré se fasse avec une absence de moyens financiers (et donc techniques de reconstitution) qui frôle la misère et l’indécence - souvenons nous que 13 millions d’ € ont été trouvés pour réaliser une des daubes (*) de cet automne « La guerre des boutons » de Yann Samuell.

Younes vit à Paris en 1942. Arrêté par la police de Vichy, il accepte de surveiller les responsables de la mosquée qu’il fréquente, soupçonnés de délivrer des faux -papiers à des Juifs et à des résistants.

Sa collaboration avec les nouveaux Barbares ne durera pas longtemps.

Tahar Rahim (« Le prophète » de Jacques Audiard) insuffle à son personnage une formidable humanité à la fois convaincante et entraînante.

« Colosse de Rhodes » de ce film modeste qui sans lui et quelques seconds rôles peinerait à tenir debout, il rappelle que la notion d’engagement n’est pas innée et que pour certains elle est le fruit d’une rencontre d’où peut jaillir une prise de conscience.

A la fois salutaire et téméraire.

Prise de conscience aussi pour le spectateur qu’il existe des œuvres nécessaires - on pense à « Indigènes » de Rachid Bouchareb - parce qu’elles rétablissent une vérité dont la valeur ne dépend pas nécessairement d’une mise en scène stylée ou d’un scénario riche et complexe.

« Les hommes libre » est une œuvre utile parce que la vérité qu’elle cerne honore le meilleur dont chaque individu est porteur .

C’est déjà pas mal. (mca)

(*) dont le manque de qualités cinématographiques élémentaires ne semble pas déranger un public demandeur de fadeur puisque le film cartonne au box office (au bête office ?).