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Les Cyclades

Marc Fitoussi

Laure Calamy, Olivia Côte, Kristin Scott Thomas, Alexandre Desrousseaux

111 min.
18 janvier 2023
Les Cyclades

Inséparables à l’adolescence, Magalie (le tourbillon Laure Calamy) et Blandine (Olivia Côte) ont laissé la vie les éloigner. Réunies trente ans plus tard par le fils de Blandine, les deux anciennes amies vont devoir cohabiter le temps d’un voyage dans les Cyclades grecques, sur les traces des lieux de tournage du Grand bleu dont elles étaient fans durant leur jeunesse.

Avec son duo d’héroïnes que tout oppose, l’une « galérienne » extravagante s’amusant des catastrophes qu’elle provoque (Calamy) et l’autre enfermée dans ses angoisses (Côte), Les Cyclades reprend, sur fond de périple initiatique, les formules connues du buddy movie et du road movie pour les décliner au féminin. Cherchant à dépasser les apparences, Marc Fitoussi (Copacabana, La Ritournelle) injecte dans sa comédie des touches de drame via des thématiques fortes (la dépression, la maladie et les violences conjugales) avec une tendresse constante pour ses personnages, mais sans éviter les stéréotypes et le déjà-vu.

Malgré l’aspect prévisible des situations et des rebondissements, Les Cyclades peut compter sur l’alchimie entre ses actrices, et sur l’énergie inimitable de Laure Calamy pour décocher quelques sourires sincères. Réalisateur d’une poignée d’épisodes de Dix pour cent, la série qui a révélé Laure Calamy au grand public, Marc Fitoussi a bien conscience de la capacité de cette dernière à provoquer de l’attachement dans des moments potentiellement gênants ou excessifs, et il n’hésite pas à se reposer dessus. Ainsi, le film tire avantage de sa gestion comique et de son art de la déclinaison (des rires, des cris, des larmes) pour nourrir le dévoilement de son personnage. Au détour d’une danse nocturne portée par le dépaysement et la nostalgie musicale, Magalie fusionne à nouveau avec celle qu’elle était adolescente, et Les Cyclades trouve alors un sens du tempo qui fait défaut à l’ensemble de l’œuvre. Car, sous le poids d’un récit en pilote automatique, la comédie ronronne, s’éparpille — avec l’arc narratif de Bijou (Kristin Scott Thomas), par exemple — et peine à captiver sur la longueur.

De même, si l’artificialité — des décors notamment — entend faire ressortir la vérité derrière les faux-semblants, il n’en reste pas moins que l’absence d’idées de mise en scène emprisonne Les Cyclades dans un traitement de carte postale peu stimulant. La volonté du cinéaste de proposer un film populaire sur les affres de l’âge adulte féminin en célébrant l’insouciance juvénile a beau être rafraîchissante, il est difficile de ne pas regretter ce manque d’ambition tant son trio d’interprètes talentueuses aurait mérité un espace de jeu plus subtil.

Katia Peignois