Animation en 3D
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LES CONTES DE LA NUIT

Michel Ocelot (France 2010)

les voix de Marine Griset, Julien Beramis, Michel Elias

84 min.
20 juillet 2011
LES CONTES DE LA NUIT

« Tu vois, pour moi, le cinéma c’est ça. … C’est la couleur du plan. La couleur du plan, c’est la couleur du mot » - Marguerite Duras dans « Entretiens avec Dominique Noguez" parus chez Benoît Jacob.

Et la couleur elle explose chez Michel Ocelot, avec une fraîcheur, un enthousiasme qui donnent à ses « Contes … » le tonus qui manque parfois à la narration.

Narration de 7 historiettes silhouettées selon une technique que le cinéaste connaît bien : découper sur des toiles vivement colorées (*) des personnages d’ombre qui auront pour épaisseur (romantique ou dramatique) les projets de vie iqui leur sont maginés par trois personnages.

Une jeune fille, un jeune garçon et un homme nettement plus âgé (un avatar de Michel Ocelot ?) qui, dans ce qui semble une salle de spectacle abandonnée, se relaient pour donner forme à des héros inspirés de six contes bigarrés de cultures et d’ethnies différentes.

Mosaïque ou camaïeu riche de péripéties, de sorcières et de fées, d’amoureux et de félons, de princesses et de chevaliers auquel les trois amis apportent candeur et poésie sans pour autant feindre d’ignorer que la méchanceté, la trahison, le destin ont aussi leur place dans le monde des fantasmes.

Ces marionnettes de papiers plairont aux enfants par leur grâce et leur magie et aux adultes qui pourront y saisir l’ occasion de voir ou revoir l’œuvre enchanteresse de Lotte Reiniger, « Les aventures du prince Ahmed » (**) et de réfléchir au mix étrange que propose « Les contes … ».

Qui allient deux savoir faire. L’un ancien et artisanal : le papier découpé et l’autre moderne et technique : la 3D.

Singulier exercice qui joint à la prouesse visuelle (on ose à peine imaginer les jours de patience qu’elle a exigés) l’impression séduisante de voir s’ouvrir une caverne d’Ali Baba qui convoque souvent avec bonheur Matisse, Nicolas Roerich, les riches heures du Duc de Berry, les tissus antillais, les tam tam africains et les enluminures orientales.

S’il est vrai que parfois un sentiment de répétition ou de forcé vient (un peu) ternir l’originalité ou la sincérité de l’entreprise, il n’est pas suffisant pour enlever à la voix (la voie ?) de Michel Ocelot cette curiosité qui aiguise de 7 à 77 ans l’envie d’aller au cinéma. (mca)

 

(*) qui rappelent le technicolor valorisé par Powell et Pressburger
(**) et devenue objet de vénération pour les cinéphiles en raison de sa qualité intrinsèque et de sa place de pionnière dans l’histoire du 7ème art.