Deux regards - deux opinions
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LES AMOURS IMAGINAIRES (selon NV)

Xavier Dolan (Canada/France 2010)

Monia Chokri, Xavier Dolan, Niels Schneider...

95 min.
6 octobre 2010
LES AMOURS IMAGINAIRES (selon NV)

Un an après "J’ai tué ma mère", un premier film acclamé à Cannes, le jeune prodige du cinéma québécois, Xavier Dolan, revient avec " Les amours imaginaires ", film qu’il a écrit et réalisé, tout en y tenant un des rôles principaux et en supervisant (entre autres) les costumes.

L’histoire est celle d’un triangle amoureux : Francis et Marie, amis de longue date, qui tombent amoureux du même garçon…

Après avoir lu le synopsis et visionné la magnifique bande-annonce, on n’a qu’une envie, c’est d’aller vite voir le film et découvrir ce beau trio. Mais il n’y a pas vraiment de suite, car l’histoire tient en une ligne... Pour étoffer les 95 minutes de film, Xavier Dolan va recourir à moult ralentis aussi esthétisants qu’agaçants et nous présenter longuement ses trois personnages, jeunes, beaux, stylés, mais surtout nombrilistes.
L’effet final donne au spectateur la décevante impression d’avoir ouvert une belle boite joliment emballée, mais dépourvue de contenu !

Malgré l’amitié des trois acteurs dans la vraie vie, l’alchimie ne semble bizarrement pas être au rendez-vous dans ce trio qui aurait pu être aussi fascinant et sensuel que celui de Louis Garrel, Eva Green et Michael Pitt dans " The Dreamers " de Bertolucci, si l’enrobage et suresthétisation de chacun des personnages n’avaient pris de telles proportions (au point d’empêcher le trio de fonctionner comme une entité propre).

Avec son look 100 % vintage, Marie (Monia Chokri) a l’air d’une ’desperate housewife’ tout droit sortie des années 50, et n’a rien d’une jeune première (l’actrice fait beaucoup trop ’femme’ face aux deux jeunes acteurs de 20 ans). Le bellâtre Nicolas est beau et inaccessible, au point de devenir insaisissable. Et Francis, le gay, est bien sûr stylé jusqu’à la pointe des cheveux ! Mais ce dernier réussit néanmoins à se démarquer par sa crédibilité et sa sensibilité ; Xavier Dolan réaffirme donc par ce rôle l’étendue de son talent d’acteur.
On peut espérer qu’il prendra vite confiance en son potentiel de réalisateur pour abandonner son besoin incessant de citations et emprunts à la Nouvelle Vague ou encore au style de Wong Kar-Wai. Le résultat serait plus personnel et moins tape-à-l’oeil. Car derrière un poseur de vingt ans se cache souvent un être timide à la recherche de soi-même.

Il n’y a pas de doute, « Les amours imaginaires » est l’œuvre d’un jeune prodige qui a une très grande culture cinématographique et littéraire, mais ce film n’en est pas moins un exercice de style prétentieux qui agace bien plus qu’il ne touche !

Nadia Vodenitcharov