Deux regards - deux opinions
3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s) 3étoile(s)

Coup de coeurLE RUBAN BLANC

Michael Haneke (Distributeur : Cinéart)

Ulrich Tukur, Christian Friedel, Leonie Benesch, Ursina Lardi...

145 min.
21 octobre 2009
LE RUBAN BLANC

Une fois de plus le réalisateur autrichien Michael Haneke nous impressionne. Cela fait maintenant vingt ans qu’il fait du cinéma. Il faut savoir qu’avant il a étudié la philosophie, la psychologie et l’art dramatique à Vienne. Ce qui explique certainement sa volonté de parler de notre société et de ses travers avec des films très controversés, ce qui lui a valu la réputation de réalisateur sans concession .


Un de ses premiers, « Funny games », confirme cette réputation de polémiste. Un style percutant, froid, on peut même parler de style clinicien où il traque sans relâche les tares humaines.


Ici ce qui l’intéresse, c’est la barbarie cachée dans la société occidentale en général et la société autrichienne et allemande en particulier. La violence physique nous est montrée à la limite du supportable, voire à la nausée.


Son plus grand succès est « La pianiste » avec Isabelle Huppert, Benoît Magimel et Annie Girardot, une œuvre sulfureuse primée à Cannes tout comme « Caché » quelques années plus tard .


Tous les films de Haneke ont été présentés à Cannes et primés. Il doit d’ailleurs sa renommée à ce festival qui le chouchoute, et une fois de plus il y a quelques mois « Le ruban blanc » a reçu la Palme d’Or des mains de la présidente du jury Isabelle Huppert, une de ses actrices fétiches qui n’a pas eu peur d’être accusée de favoritisme .


C’est la première fois que Haneke tourne en costumes, en noir et blanc et dans sa langue natale. Le noir et blanc est somptueux et donne au film une austérité qui fait peur. L’atmosphère est oppressante et on est aux limites de la barbarie.


De quoi parle le film ? De la vie quotidienne d’un village protestant en Allemagne à la veille de la première guerre mondiale. Ce village va basculer dans l’obscurantisme. Une succession de faits étranges va perturber la vie apparemment paisible des habitants, du baron aux paysans en passant par le médecin, le pasteur et tous les enfants. Mais une morale rigide les régit tous. Et les enfants seront les premiers à subir les ravages de cette éducation prussienne, de ce rigorisme religieux et de l’hypocrisie sociale. Et comme le dit Haneke lui-même ils seront les nazis de demain. Ces circonstances morales et psychologiques ont conduit ainsi cette génération d’enfants brimés et sadiques à souscrire aux thèses hitlériennes. Une façade lisse, impeccable qui laisse soupçonner le pire ! Si le film est étouffant, il nous renvoie aussi à nos propres contradictions .


Jean Claude Carrière a collaboré au scénario et nous explique que plusieurs scènes avec les enfants seuls, ont été coupées au montage final, ceci explique sans doute l’obscurité de la fin, avec encore des non dits.

Avec « Le ruban blanc » , M Haneke est au sommet de son art et laisse le spectateur K .O 

( Anne Goreux)